samedi 8 décembre 2007

karim au marathon de Florence

du karim:


J - Quelques Jours:
J'y vais ou j'y vais pas ? Nan j'y vais pas je reste auprès de mon père...mais si vas-y !
Bon ben j'y vais...mon sac est prêt, t'as appelé le taxi ?
Oui il passe à 6h15 ? 6h15 ??? Tu sais que l'avion est à 10h15 bordel ! Oui mais c'est les grèves, assure.
Damned ! Arrivé à Charles de Gaulles à 6h40...super tes grèves...Quelle riche idée !
T'as vu la gueule de l'avion ? Il date de Mathusalem, j'y vais pas.
Eh oh tu me les casses, tu montes et tu fais pas chier !
Oui mais j'ai peur ! Pfff...et dire que ça court un marathon...il est beau l'athlète...
Voilà, pour resituer le contexte quoi.

Hop on arrive à Florence, Italie, pays des Spaghettis. Parait que faut faire gaffe à sa montre, s'agirait pas qu'on me fauche mon cardio avant le marathon hein.
Arrivés à l'hotel, je déballe mes affaires, j'ai la dalle c'est l'heure des pâtes. Pas le temps de chercher un resto, je sors le matos et je me fais cuire les miennes Al Dente - 1min.
Je retiens la leçon d'Amsterdam 2006 (merci Forrest pour le tuyau. Après j'accompagne Céline au resto.

J-1, je fais mon petit footing de decrassage tout seul comme une truffe devant un musée dont j'ai oublié le nom. Les Florentins semblent bien se foutre de moi en
italien...bah ils ont bien raison j'ai pas l'air fin...mais comme je suis dans un mauvais jour je tire la tronche. C'est comme ça j'suis pas parfait.
J-quelques H
Je prépare le p'tit dej pour demain...Damned ! A pas la machine à café !! J'ai fait : "Céline ma chérie ma douce j'ai pas de machine à café !!" Zut et flûte.
Céline, elle prend les ciseaux à ongles, un stylo, une bouteille en plastique, un filtre, elle dit: voilà !
C'est tout Céline ça, TV5-Monde, un paquet de Chips et Céline c'est MacGyver.

J-0, 5h45 - p'tit déj avalé. 7h je réveille Céline à petits coups de pompes dans le museau, debout ma chérie.
Dans ses si beaux yeux endormis je lis, de l'admiration ou du mépris, va savoir ?...Aller quoi, c'est pour mon père...grouille quand même hein.
J'ai besoin d'elle, Céline...c'est mon GPS, c'est mon www . ratp . fr à moi.
Ma Céline c'est son truc, un bol de Benco, un plan de Bus et hop c'est Google-Earth.

Vite vite on grimpe dans le bus bien bondé direction les navettes. Tu crois que je vais y arriver ? Mais oui...T'es sûre ? Mais oui...Je te saoule avec mes questions ? Aussi...
Arrivés sur place, je ne peux que constater l'efficacité de l'organisation, pas de bouchons, des camions, des sacs, des WC, des navettes, c'est bien huilé, ça passe tout seul.
Rencontre avec des camarades de course...on attend les retardataires pour la photo.

Bon allez, direct dans le sas histoire de s'echauffer. Je discute avec un gars qui vise un chrono dans mes cordes, bla bla bla pendant 15min avant de me rendre compte
qu'il s'agit en fait de Jeff34.
On fait un bout de chemin ensemble ? Cool ! Maintenant on est copain Jeff et moi.
PAN ! C'est parti...et ça bouchonne...flûte...En fait l'accès au SAS préférentiel se fait sans justificatif de performances, alors on se retrouve avec un mûr de coureurs plus lents qui ont voulu se faire plaisir. Je suis stupéfait, en colère, tout rouge, et passe le 1er kilo en 4'09...et vlan, 19" de paumées.

Calme calme calme...on continue...on m'avait prévenu que ça descendait bien...moi j'ai oublié mon Skate. J'essaye de prendre la foulée d'un petit groupe qui semble courir à notre allure. Deux allemands d'Augsburg semblent courir à notre rythme.
Guten Tag Kamarade ! Wie geht's ? Zu Fuss...
Bref en 2 temps 3 mouvements on passe le km 10 et gloups j'avale mon premier gel... Je suis pile poil dans les temps.
Très joli parcours, ouais mais bon, pas mal de relances à droite et à gauche, et des secondes par-ci par-là...eh oui j'en paume. Mince, je me retrouve tout seul derrière un Frankaoui sur une grande avenue, léger vent de face on doit être au 17ème je crois.
Attends moi copain ! Mais je ne peux pas le rattraper l'autre, il va trop vite. Gaffe à ne pas me griller.
Je jette un coup d'oeil derrière moi et Jeff n'est pas loin.

19ème km, Jeff revient sur moi, il ne m'avait pas quitté d'une semelle. Cool...on passera le semi ensemble en 1h21'03". On est pile dans les temps. J'arrive Papa, j'arrive... On a fait la moitié du boulot, je dis à Jeff.
Tout un tas de coureurs derrière moi me passent devant, 'faites quoi les mecs ? Qu'est-ce qui se passe ? Je ralentis ? non non...ils accélèrent..merci pour moi hein !
Mon peloton s'égraine petit à petit, ça pue c't'histoire...

25ème, il y a de nouvelle têtes devant moi, dont quelques coureurs qui doivent bien être V2 ou V1. Mais où sont les jeunes ?!?!
De retour en ville c'est la foule qui nous acclame et nous applaudit ! De trop bonnes sensations qui me font passer le 28ème km en 3'46...Pffffiouuu.
Là faut que je me calme. J'ai de bonnes sensations, les jambes tournent encore mais ça commence à tirer sur les mollets et les pavés Florentins me raisonnent jusque dans les gencives. Dur Dur !
Hop j'avale un autre gel avant le ravito pour le faire couler. Arrgh damned je me suis planté, on en est qu'au km 29. Bref moment de panique...relax...le spectacle ne fait que commencer.

J'aperçois Céline qui m'encourage et qui applaudit son champion. Ma Céline, mon énergie. C'est tout elle ça, un parapluie, un appareil photo, et hop c'est une Pom-Pom Girl.
Voilà finished la partie en ville, et j'attaque la partie la plus galère en dehors de la ville. Pour moi c'est le début de ma traversée du désert, mais quelqu'un m'a piqué mon chameau. Mon groupe a littéralement explosé en mille morceaux. Personne devant moi à moins de 150m, idem derrière. Le pire qui puisse m'arriver sur Marathon à ce moment précis de la course.
Une désagréable impression que la course part en sucette, je me retrouve tout seul, les cuisses commencent à méchamment se durcir, on est sur un faux-plat et un chouya de vent commence à me ralentir. Tout seul sans se cacher ça devient très difficile et je rêve de me servir un Ti-Punch.

Je remonte cadavre sur cadavre...pas un seul dans mon allure, je suis obligé de les laisser derrière moi. Je les dépasse tous et pourtant mon chrono m'indique que manifestement...je ralentis. Je suis complètement déconnecté, les jambes tournent toutes seules malgré tout, Papa, je me demande ce que je fous là.
Je ferme les yeux un très bref instant, pense, me remémore le passé, souris, continue, je cours quoi, ça passera.

35ème km, ravito, je vole, choppe la bouteille à la volée, avale mon gel, des personnes ici et là, je relance la machine, me recale dans l'allure de départ, serre les dents, dérouille les jambes, allonge la foulée, ça tire de partout. De bonnes âmes m'applaudissent, je les salue, en veux plus, plus fort les clap-clap, aller hop hop hop !! Grazie !!
36ème km, encore 2 km et Céline m'attend, après c'est peanuts.
Des coureurs, des cadavres, en veux-tu en voilà, toujours pas de compagnons de route, quel dommage.
Tiens ! Je remonte le Frankaoui qui était devant moi au 17ème. Dans mon rétro, je le vois, il n'est pas bien, remarque moi non plus, une tape sur l'épaule, accroche toi camarade, il me sourit, s'accroche à ma foulée.

38ème km, Céline t'es où ? regards furtifs à droite, à gauche, sous mes pompes ? Au coin de la rue qu'elle est ! Je passe devant, comme une fusée, Pour mon Père.
Et la foule enfin retrouvée...C'est moi le Roi là, merci à vous de m'acclamer. C'est bon pour mes jambes et c'est bon pour mon moral.

Le 40ème, bientôt le 40ème, je dégaine mon dernier gel Coup-De-Pied-Au-Cul, Rakteupeuh le bouchon par terre, c'est une grenade que j'vais gober.
Le chrono le chrono, où j'en suis bordel ?? 2h35'07...ouais c'est carrément jouable.
Les pavés bon sang ! Satanés pavés j'ai mal aux jambes, au dos, les têtons en sang, Vive Moi ! C'est l'arrivée, la grande classe, le tapis rouge qu'on m'a déroulé, mieux que pour Berlusconi. Je passe la ligne...enfin délivré, j'ouvre enfin les yeux, je souris, j'ai réussi. 2h43' et 34" à mon montre.

Pas finie la galère, je récupère la médaille, rends la puce, empoche 5€, quelle fortune, retrouve Jeff, discute, papote, échange impressions, le salue, au plaisir de te revoir.
Céline, enfin ma Céline, mon GPS, ma trousse à pharmacie, mon ambulance, ma Santa Maria Novella à moi, j'suis défoncé de partout.
Je m'asseois par terre, c'était peut-être pas une bonne idée ça , si si, j'en peux plus. Apparitions de crampes, courbatures, j'ai mal aux boyaux à en chialer, et écoperai d'ailleurs de 24h de crampes d'estomac pas agréables du tout.

Mon seul regret aura été de courir seul sur presque 6km, car là j'ai paumé du temps.
Mais je suis sacrément heureux, c'était une belle aventure sportive et humaine.

Pour moi, mon Marathon se finit là.

Demain je rentre, accompagner mon père finir le sien.

Karim

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est toujours aussi sympa de te lire Karim, je vis ta course au rythme de la lecture.

Bravo