jeudi 19 août 2010

Le voyage à Cap St Jacques (Vietnam)

Quelques photos de mon voyage au Vietnam avec passage au Cambodge.

Le voyage à Cap St Jacques

Il est une chose futile même si on peut croire qu’à la vue du temps que j’y consacre c’est très important pour moi ; cet été avant de prendre mes congés, j’ai couru, beaucoup couru pour commencer une préparation pour Millau avec mes amis et les enfants de l’association courir avec. Plusieurs fois j’ai pratiqué le bi-quotidien pour avoir un kilométrage conséquent. Avant de partir, je me suis pesé, j’ai constaté que je traînais toujours une masse corporelle « désavantageuse ». Je suis revenu de mon voyage, bien que lourdes mes valises ne présentaient pas d’excédent ce qui n’est pas le cas de mon corps qui a encore pris des kilos. Au bilan de la course à pied, il y a des athlètes qui font du tri-quoitidien, c’est simple cela veut dire 3 fois par jour, pour ma part, pour 3 semaines et demi de vacances j’ai couru trois fois, entre trois fois par jour et trois fois en presque un mois on passe du professionnel au diletant. Voilà pour le futile.

Du temps de l’Indochine, les saïgonnais allaient vers l’Est pour atteindre quelques belles plages de sables, Aujourd’hui ce lieu s’appelle Vung Tau mais quelques anciens disent Cap St Jacques.

Quand Papa et Maman ont quitté le Vietnam, cela a été une décision très importante. Les 25 premières passées de leur vie étaient heureuses, avec de beaux enfants, une fille ainée Gabrielle et trois garçons Pascal, William et Robert qui ont suivi. A un peu plus d’un an Robert s’en est allé, victime d’un méningite. Alors avant de partir pour la France, la Famille a fait un voyage à Cap St Jacques, les enfants étaient petits, l’ainée n’avait que 5 ans.

En France, la famille a vécu quelques temps dans un camp de réfugiés dans l’allier, Maman a accouché de Julien, c’est presque un symbole puisque conçu au Vietnam, il était déjà à Cap St Jacques. Plus tard, Papa a obtenu un travail à Châteauroux, la famille s’est agrandie, Je suis arrivé quand Charles De Gaulle est venu visiter la base de Déols et vous avez la provenance de mon prénom usuel, Adrien m’a suivi. Mes frères et moi avons un prénom usuel mais dans l’état civil, Papa a décidé que tous nous aurions le même prénom, c’est pourquoi nous nous prénommons tous Georges. Il disait qu’il suffirait d’appeler Georges pour que tous ses 5 garçons accourent. Maman raconte qu’ils voulaient 2 garçons et deux filles ; le constat c’est qu’ils en étaient à une plus cinq. Elie est né 6 ans après Georges Adrien, ce n’était toujours pas la deuxième fille alors il a bien fallu que Papa et Maman arrêtent, ils n’auront jamais de deuxième fille. Il faut noter que Elie est le seul des garçons à ne pas s’appeler Georges.

Papa et Maman ont vécu presque 50 ans en France.

En 2003, ils ont décidé de rejoindre leur pays natal, c’était encore une décision importante et difficile, Papa malade nécessitait des soins qui devenaient pratiquement impossible financièrement. D’un côté ils s’éloignaient de leurs enfants, des petits enfants et des arrières petits enfants, d’un autre un de mes cousins et sa famille allaient s’occuper d’eux avec énormément d’attention.

Cette année Maman voulait fêter ses 80 ans , mes frères et moi étions partant, pour venir avec nos familles, ensuite elle a changé cela en anniversaire des 60 ans de leur mariage. Cela devenait la fête de Papa et Maman.

De nombreux amis vietnamiens et français ont promis de venir.

Mon frère Julien, sa femme Sylvia, ses enfants Noam, Océane et Maeva sont arrivés les premiers au Vietnam et sont allé visiter le Nord, Hanoï, la baie d’Along puis ont entrepris leur descente vers le Centre et le Sud. Quelques jours après, Mes frères Adrien, Elie accompagné de son fils Robin, Babeth mon épouse, nos enfants Camille, Julien, Pierre, Marie et moi-même avons pris le même vol Paris-HoChiMinh Ville. Maman nous attendait à l’ Aéroport et nous avons filé vers Ben Tre.

Ben Tre est dans le Delta du Mékong à 80 km au sud de Saïgon. Papa et Maman ont fait construire une maison à la campagne sur le terrain de mon cousin qu’on appelle « 9 » cela s’écrit « chien » et cela se prononce « ti-in ».

Notre famille s’est retrouvée à la maison à Ben Tre. Mon papa bien que très affaibli nous a reconnu mes frères et moi et ses belles-filles, il n’a pas reconnu les petits enfants les plus jeunes car ils avaient beaucoup grandi depuis leurs dernière visite.

Le jour même de notre arrivée, nous avons fait une ballade dans la campagne, il faisait chaud. Le lendemain, j’ai fait un footing avec Adrien, Marie et Robin nous accompagnaient sur un vélo.

Nous avons fait un voyage à 8 à Dalat dans un mini-bus 15 places, pendant ce temps Papa est resté à Ben Tre avec une fièvre due à une infection aux poumons.

De retour à Ben Tre, nous avons agrandi notre groupe Julien et sa famille nous ont rejoint. Nous sommes partis à 15 pour une excursion au Cambodge.

Nous avons voyagé toute la journée pour atteindre la ville de Sim Reap presque à l’extrême ouest du Cambodge.

Le 1er août au moment du petit déjeuner mon frère Elie m’a appris que Papa ne s’est pas réveillé. Maman est venue dans la salle du restaurant, j’ai passé le repas à cacher mon émotion. Quand Julien est arrivé un peu plus tard dans le hall en larmes, nous étions enfin les quatre garçons présents pour Maman. Elle nous a demandé pourquoi nous pleurions et ainsi elle a appris. Nous somme touchés parce que Maman est maintenant sans Papa qu’elle a aimé 60 ans.

Adrien s’est proposé pour accompagner Maman pour retourner immédiatement à Saigon puis Ben Tre. Emmanuel un petit-frère de maman qui a été un des premiers à être au courant est venu de Saïgon. Tonton Emmanuel a pris en charge la situation.

Notre famille a continué son excursion un journée sur le site merveilleux d’Angkor, nous sommes rentrés via Pnom Penh.


Les moments qui ont suivi ont été forts en émotion. Notre famille portait un bandeau blanc en signe de deuil. Papa semblait dormir dans son cercueil. Dans le salon à Ben Tre, il y a des photos de la famille, de Papa et Maman, il y en a quand ils sont très jeunes et je veux retenir ces belles images.

Nous sommes allés en car avec les cousins au crématorium. Grand-père paternel était pasteur, Papa et Maman sont chrétiens et citaient : « … poussière, tu retourneras poussière »

Notre regroupe s’est un peu agrandi, Christine ma cousine doublement germaine nous a rejoint et c’est à 16 que nous sommes partis faire un tour dans le Mékong. Nous avons visité Can Tho où la famille de maman avait vécu, nous avons retrouvé l’endroit où il y avait une très grande maison de famille. Nous sommes passés à Chau-Doc au mont Sam, nous avons fait une halte à Saïgon avant de prendre l’hydro-foil pour Vung Tau.

Il y a une petite montagne « nui nho » le plus à l’Est de Vung Tau, qu’on repère avec une grande statue de Christ au sommet, en face une petite île Hon Ba accessible à pied à marée basse avec une petite pagode.

Une partie de notre groupe a fait la sieste (moi surtout) l’autre est allé à la plage.

En fin de journée, quand la plage se vidait, les rochers se sont découvert , la famille s’est mise en marche vers Hon Ba. La progression sur les rochers était difficile. Nous avons grimpé jusqu’aux abords de la pagode, nous avons posé pour une photo, nous sommes redescendus pour être les pieds dans l’eau. La lumière du jour était très faible, la dispersion des cendres de Papa a été un moment très émouvant, j’ai bien regardé autour pour mettre en mémoire ce lieu. Maman a toujours quelqu’un à droite et à gauche pour la soutenir dans les passages difficiles dans les rochers et elle se sent soutenue. Paradoxalement elle dit qu’elle est maintenant seule alors qu’elle le dit à de nombreux enfants et petits enfants qui l’entourent.

Papa a été « énorme », il a attendu notre venue au Vietnam pour partir.
Ce voyage à Cap St Jacques, il avait dit qu’il viendrait avec nous.
Il est venu, Maman disait qu’il fallait qu’il soit dans l’eau, ses cendres vont voyager.


Le lendemain, j’ai fait ma seule vraie sortie de course à pied au Vietnam. Tôt, je me suis éclipsé de l’hôtel, j’ai couru sur la plage, jusqu’à Hon Ba, j’ai dépassé le cap, ce n’était pas joli de l’autre côté, je suis revenu sur mes pas, j’ai grimpé les marches jusqu’à la statue du Christ pour avoir le plus beau panorama. J’ai regardé longuement la petite île de Hon Ba. Petits pincements au cœur ; je ne pouvais pas courir car c’est un site religieux, j’ai donc savouré lentement cette descente vers la mer tout doucement en pensant à mon Papa.

En prenant l’avion à Paris, je savais déjà que je verrai Papa pour la dernière fois, je sais maintenant ce qu’est le deuil, je sais que je pleure de temps en temps mais je ne sais même pas pourquoi. Quand une tante ou un proche ne m’a pas vu depuis longtemps, ils me disent que je ressemble énormément à mon Papa. C’est mon visage qui lui ressemble ; j’ai le caractère de Maman avec la sensibilité de Papa. Quand je pense à un autre de mes frères c’est son caractère qui en ressort ; tous nous avons de tenons dans des proportions différentes des côtés de Papa et de Maman. Papa était doué en musique et en informatique, Maman est une vraie pipelette elle passe son temps à s’occuper des autres. Papa introverti et discret, Maman exubérante, communicative …

Quand je cours, je pense quelquefois aux enfants en joëlette, quelquefois je m’en voulais de ne pas avoir fait connaître cela à Papa. Puis je me dis, Papa et Maman sont partis au Vietnam il y a 7 ans, je ne connaissais pas encore ce moyen de faire courir les autres.

Le voyage à Cap St Jacques a été un grand moment. Papa et Maman étaient venus avec leurs enfants nés au Vietnam avant de partir en France, les quatre enfants nés en France sont venus au Vietnam pour le dernier voyage de Papa et Maman ensemble.