jeudi 11 octobre 2012

pourquoi cours tu un ultra ?

Ces deux week-ends ont été riches en divers aspects, j’ai encore appris et je vais me questionner encore longtemps sans doute, sur le plan des rapports humains surtout, sur la connaissance des possibilités de chacun, sur la compétition en général, sur l’humilité des coureurs d'ultra, sur la simplicité des circadiens.
D'abord, remettons dans l'ordre des souvenirs et des émotions qui sont loin de la raison et qui amènent à la confusion, parce que l'émotion me submerge.
Si on osait me poser la question : « pourquoi cours tu ? » voici ce que je pourrais rétorquer : « pourquoi respires tu, pourquoi manges tu , pourquoi bois tu ? » . Si j'avais un peu de temps avant d'écrire l'article que je vous inflige actuellement, je pourrais lire et essayer de comprendre les philosophes sur lesquels s'appuie le livre Courir de Guillaume Le Blanc; mon corps et mon esprit sont-ils bien distincts d'après Descartes. Les circadiens, c'est à dire ceux qui font des tours d'horloge sont pour certains contre la raison puisqu'ils sont des ultra-coureurs, des coureurs qui ont dépassé les bornes, d'autres sont cartésiens en référence à cogito ergo sum, c'est leur esprit qui commande à leur corps et cela avec méticulosité allant jusqu'à doser ce qu'ils ingèrent en liquides et en solides avec contrôle permanent de leur masse corporelle grâce à un pèse-personne portatif. Le coureur n'est pas du tout un imitateur des philosophes grecs qui marchaient, en tous cas le coureur d'ultras n'est pas épicurien recherchant l'ataraxie, l'absence de souffrance. Courir très longtemps ça fait souvent mal.

Pour ma part, je ne me considère pas comme ultra-coureur autre terme pas du tout utilisé mais synonyme, outre-coureur, il y a sans doute un dédain des outre-mangeurs ceux qui mangent trop et une vénération des outre-coureurs, mais il doit y avoir une confusion, il y a outre-coureur c'est à dire ultra-coureur et coureur d'ultras. Il y a beaucoup et trop voire beaucoup trop mais les limites sont personnelles. En Ethiopie il y des des gens qui mangent peu et il y a des gens qui courent beaucoup, tout le temps mais je ne crois pas qu'ils courent trop.
Un sigle que je dois vous expliquer: ADDM Au Delà Du Marathon, c'est au départ un forum de coureurs d'ultra et ensuite c'est devenu la désignation de ceux qui fréquentent ce forum

Karim à Millau est devenu coureur d'ultra. Pour karim ça a commencé par le mythique 100km de Millau tellement bien relaté par des passionnés de course à pied que le lecteur-marathonien se pose très rapidement la question : « vais-je devenir centbornnard ? ou plutôt quand vais-je faire Millau ?» .

Premier weekend, pour le premier décor, nous avons un parcours dans l'Aveyron qui remonte au nord dans les gorges du Tarn, passe sous le merveilleux Viaduc autorise une halte, courte ou longue suivant la fatigue à St Affrique et revient au point de départ, les acteurs sont parmi des milliers de bipèdes, un futur centbornard et son accompagnateur à vélo, votre aimable conteur, pas compteur. Le parcours est une boucle qui s'étale sur une cinquantaine de kilomètres, doit-on avoir une réflexion et un ressenti sur l'espace, la distance ou le temps? vu du coureur la distance est fixe et pourtant la durée aidant, c'est surprenant comme pour l'un c'est loin l'arrivée, cela semble insurmontable et pour l'autre c'est bientôt fini. Le temps est élastique. Quand le temps est en plus à la pluie, le temps dure longtemps.

À 85 km on a parcouru plus de deux marathons, il ne reste que … c'est quand même interminable et le presque cent-bornard peut se poser la question d'arrêter. À Millau, c'est bien car quoi qu'il arrive, c'est un endroit au milieu de tout ou bien de nulle part, alors il faut rentrer coûte que coûte. Celui qui repart de St Affrique terminera son 100km.

Karim est parti prudemment, en regardant sa fréquence cardiaque, il était inquiet, les pulsations étaient bien au dessus de celles de l'entraînement et il courait moins vite. D'habitude, je ne suis pas à côté d'un athlète que j'entraîne et l'enregistrement de sa courbe de FC me sert après la course à voir ce qui s'est passé. En tant qu' accompagnateur à vélo, je l'ai réconforté en lui disant que la météo était sans doute responsable de sa FC anormale, j'ai apprécié d'avoir surtout en visuel, la foulée et la posture du coureur c'est cela qui me renseigne le plus, la respiration était tranquille, l'allure quand même inconfortable dans sa lenteur relative. 

Les commentaires à chaud de Karim peuvent être surprenants et les réponses aux questions aussi. Pendant la course j'ai été étonné de réflexions de Karim. En fait ce n'était pas des réflexions mais des phrases qui sortaient de sa bouche qui n'avaient aucun sens, d'ailleurs certaines étaient tellement « débiles » que je les ai sorties de ma mémoire. Ceci illustre le fait que le coureur d'ultra est , à partir d'un moment, en grande fatigue et son cerveau est réellement hors service. Je suis sûr qu'il a pratiquement le même corps mais je m'interroge sur son esprit. 

Le vélo que j'utilisais était lourd et j'avais beaucoup de mal à grimper les côtes, la vraie première bosse est celle de Creyssels en dessous du viaduc et je l'ai montée en marchant à côté du vélo. Après avoir rejoint Karim, j'ai bien entendu pris dans le panier soit de l'eau, soit une pâte de fruit pour la tendre afin qu'il ravitaille sans passer par les salles, c'est quand même un des rôles du suiveur que de ravitailler et donc de rester à côté du coureur. À un moment, sans s'en apercevoir, Karim m'a demandé de « dégager » et je me suis mis en arrière. Karim est un garçon charmant en général, quand il a décidé d'être dur avec quelqu'un, il ne se gêne pas pour utiliser des mots désagréables bien incisifs, là avec des mots très simples, il m'a momentanément blessé. Ma première leçon a été qu'il faut pardonner à quelqu'un qui court un ultra et qui est limite de passer outre-coureur.
Qu'est-ce que l'outre-mesure, qu'est-ce que le kilomètre de trop, qu'est-ce qui fait passer d'un état équilibré à la bigorexie, dit autrement y a t'il un ou des indicateurs à la surfatigue due à la course à pied. J'aime à penser qu'avec une méthode de réflexion, nous pouvons dans tous les domaines détecter la bigorexie, l'outrance maladive, l'addiction à la pratique sportive, dans notre cas la course à pied.

La difficulté pour moi-même est que je passe pas mal de temps à regarder, écouter analyser les entraînements de mes athlètes sans pour cela avoir un regard extérieur objectif sur ma propre pratique. Une des conséquences de mon auto-gérance en terme de course à pied est que je finis par être « bipolaire », il y a le côté toujours plus, toujours plus long, toujours plus dur, toujours plus loin dans l'envie de me surpasser puis quand l'objectif a été réussi c'est devenu rare ou raté, sans grosse déception, il y a le côté, "je m'en fiche",  sans objectif et je me dis que je ne ferai plus rien, ne rien faire pour moi c'est juste faire des footings. Il est aussi aisé de se cacher derrière son âge. Il n'y a pas d'age pour philosopher, il n'y a pas que ceux qui ne peuvent plus qui ne cherchent plus la performance et vous balance: « moi je cours pour le plaisir », il y a des jeunes qui aiment la sagesse sans pour autant être sage et il y a ceux qui courent "pour le plaisir", en réalité quelquefois sans plaisir et toujours sans performance. Mais a t-on besoin de performance ? On a besoin d'indicateur si on veut progresser, cela vaut pour l'entraîneur et pour l'athlète. Attention, on peut progresser sportivement au sens distance ou chronomètre ou résultat et aussi optionnellement progresser dans la beauté du geste, dans la justesse du mouvement et pour certains on peut progresser dans la façon de communiquer son art, la façon de se construire humainement et pas comme un cyborg, c'est à dire un homme augmenté tendant vers une machine.
Mon ami Karim a été assez compétitif, il s'entraînait dur et avait couru Berlin 2008 en 2h38 ravi et Berlin 2009 en 2h36 déçu et cela a été son dernier chrono «correct », il faut dire qu'il y a des barêmes qui donnent un niveau à une performance; à l'époque l'objectif était de 2h32 car c'est pour un garçon un classement N2 National 2, depuis cela a changé pour être N2 il faut courir le marathon en 2h20'00. 
Eh oui, c'est comme cela qu'un compétiteur se voit, il se voit à l'aune de ses performances, de son chrono ou de sa distance ou bien de ses places lors des compétitions. Cela m'interroge et à force d'assister à des championnats, j'avoue que je ne sais plus quels objectifs donner à mes athlètes, objectif relatif ou objectif personnel.
La compétition est d'après moi noble s'il s'agit pour l'athlète de donner le meilleur de lui-même et c'est personnellement qu'il doit avoir ses repères. S'il entre dans une logique de battre l'autre, c'est un combat, c'est "la guerre" et j'entends souvent les termes: « atomise, massacre, sois un killer et j'en passe ».
Karim, quel que soit son langage ne fait jamais référence aux autres compétiteurs, à Millau il s'est battu contre lui-même, il a découvert un autre monde. Millau est-il un passage initiatique ? En tous cas pour Karim, c'est là que j'ai eu la chance de le voir passer une porte, la patience aidant, il devra d'abord savourer et encore se remémorer cette merveilleuse allée dans le parc de la victoire précédée par des kilomètres à la bonne allure, avec les meilleures sensations entre Creyssels et Millau. Une course réussie ne tient pas au chronomètre mais au pur bonheur de courir pendant un moment en étant léger dans sa foulée, dans ses jambes et dans sa tête, il n'y a plus de distinction entre le corps et l'esprit et il n'y a même plus de Viaduc, de bitûme, le coureur ne se déplace pas sur un parcours, l'accompagnateur n'est plus à côté, il n'y a plus Millau d'un côté et le coureur de l'autre, il y a le bonheur, il est indescriptible il se vit. 
Quand ensuite, les jours deviennent « normaux » s'installe le « cent-bornes blues » il ne faut pas sombrer dans la frustration, on reprend une pelote magique, il faut tirer sur un bout de laine et au bout, il y a les moments de bonheur qui sont persistants. Toujours je demande aux athlètes de ne pas programmer une nouvelle course, il ne faut pas galvauder un moment très très fort en le faisant disparaître derrière un nouvel objectif. Une victoire sur soi-même est précieuse, je me la garde en moi, je la ressors pour le plaisir de la revivre. C'est comme mes enfants, certains ne sont plus physiquement à la maison si j'en ai envie, je ressors une autre pelote magique, moi je ne sais pas tricoter, je tire sur un bout de laine, je souris. Millau est magique je l'ai vécu aussi c'était presque hier.

De la persistance à vouloir courir quels que soient les ages
Il n'y a pas d'age pour philosopher, aimer la sagesse il n'y a pas d'age pour aimer courir; un très grand marathonien m'a dit un jour: "plus tard mes records seront battus, personne ne se rappellera que j'étais le plus rapide et je continuerai à courir tant que je pourrais. J'ai un ami très agé qui court toujours"

De la relativité de la vitesse
Un ami ancien international de marathon à peine plus jeune que moi m'a dit: « charlie, nous ne courons plus aussi vite qu'il y a des années mais ce qui compte c'est de toujours avoir le même plaisir de courir avec les mêmes sensations »

Deuxième week-end, deuxième décor et deuxième équipe. Ci-dessous, je pose avec mon ami Titi, vétéran 2 sur le papier, coach lui-même et pourtant  j'ai l'impression qu'il a les certitudes et les doutes d'un cadet quand il me parle.


Quand on passe du marathon au cent bornes puis aux 24 heures, de fait on est plus vieux, de fait on court moins vite par contre si on veut bien écouter, regarder, respirer, sentir, toucher alors on a les mêmes sensations, on peut courir vite à 16km/h et aussi à 10km/h. Mon dernier kilomètre à Chavagne en 2007, je me sentais comme au sprint d'un cross, à Vierzon ce dimanche juste avant 11h, c'était aussi grisant de courir vite après 24 heures sur le circuit.

Les photos qui suivent sont offertes par claude Marchand, cloclo sur le forum ADDM
Tout s'est passé sur une boucle de 1028 mètres, tout s'est passé en 24 heures et il y a eu énormément de kilomètres parcourus et surtout énormément de partage et d'émotions.
Pour ne pas vous induire en horreur, pardon en erreur, je vous signale que j'ai couru un ultra ce weekend, un 24 heures est bien un ultra, mais je n'ai pas été ultra-coureur et je n'ai pas couru 24 heures.

Détail, j'ai pris le départ de la course le 6 octobre à 11h00 et j'ai couru le matin du 7 octobre jusqu'au coup de pistolet final à 11h00, donc j'étais bien là 24 heures mais il y a eu des très très longues pauses ce qui n'a pas été le cas pour les champions et championnes qui ont tourné tout le temps des 24 heures.

Thierry Dehais alias Titi, s'était entraîné très dur! Avec sa victoire au 24 heures de Rennes, il nourrissait une grande ambition, la marque IB International B c'est 240 kms et IA c'est 250kms. C'est à la fin de la foire qu'on compte les ... C'est à la fin des 24 heures qu'on sait combien on a fait de kilomètres, la règle est simple, prendre le départ, courir et éventuellement marcher pour faire des tours et des tours, être là à la fin  et ... c'est tout. Certains partent vite et finissent au ralenti, d'autres sont très réguliers et perdent très peu de vitesse à tel point que les autres ont l'impression de voir passer des avions.
Ma venue à Vierzon avait comme raison première assister Titi, prendre le départ avec lui, vérifier qu'il était sur le bon tempo avec le bon mental, le soutenir le temps qu'il fallait pour qu'il entre dans sa course serein et concentré ensuite sur la dernière heure, j'envisageais de tourner à la vitesse visée autour de 10km/h si possible.
Maud son épouse était au ravitaillement perso. Quand j'ai topé des temps intermédiaires et que j'ai vu que ses pulses étaient correctes bien qu'il constatait 10 de plus que la normale à la même allure, j'ai ralenti pour ne pas entrer dans le dur. J'étais complètement mouillé tellement je transpirais, j'ai utilisé 3 tenues différentes et elles étaient trempées, c'était désagréable à souhait.
L'ambiance en circadie est fantastique, dès que nous repérons des prénoms sur les dossards nous encourageons avec des allez jean-yves, allez stéphane allez fred allez stéphanie, en fait ce sont des dizaines de prénoms que nous apprenons très vite.
cloclo ci-dessus a alimenté le forum avec ses photos alors ça me donnait du baume au coeur. Merci pour ces clichés qui nous rappelleront encore longtemps ce moment de partage, de bonne humeur et de connivence.



Le temps est bien élastique car avec toutes les rencontres possibles et le tempo qui est suffisamment lent pour papoter, j'ai sympathisé avec Jean-pierre Tixier qui est dans le club où Karim est muté, après cinq années à progresser ensemble au sein de la JA Melesse, il continuera sous les couleurs de la Berrichonne de Châteauroux,  la ville où il a presque toujours vécu et où moi-même je suis né.  

Karim est passé à Vierzon qui est en fait dans le département voisin du sien.















Maurice Morard est une vielle connaissance rencontré sur ADDM mais aussi à Chavagnes en paillers en 2007 et à Barcelone, il avait l'ambition de monter sur le podium V3, les plus de 60 ans, et il a réussi pour le plaisir de tous ceux qui le connaissent. Titi est juste derrière Maurice sur la photo, ils ne sont pas à la même allure mais leurs regards montrent une concentration semblable. De temps en temps je faisais 500m pour contrôler l'allure de Titi, le système de comptage de l'organisation ne pouvait afficher sur écran les kilomètres parcourus. Titi était sans cesse dans le doute et ne savait pas combien il avait fait. Tout était possible car il tournait à 5'30 au kilo soit 10,9 km/h.


La pluie s'est invitée en fin d'après midi, comme j'étais venu sans objectif, vers 20 heures soit 9 heures de course j'ai fait une très très longue pause. 


Dans la nuit quand je suis allé prendre des nouvelles de Titi, il avait très mal au ventre et avait déjà vomi 2 fois. Il est allé se coucher, j'avais l'espoir qu'il repartirait après un peu de repos. Ca n'a pas été le cas, j'étais très déçu pour lui et ma philosophie de la vie, du respect des autres m'interdit de forcer un athlète à courir dans la douleur et m'interdit de hurler sur un coureur quel qu'il soit. 

 
Dans la nuit je suis allé plaisanter avec Pierre-andré et Noël qui alimentaient le suivi du 24 heures sur le site ADDM. Quelquefois j'avais envie de recourir mais je trouvais toujours une excuse pour ne pas sortir de la salle, il faut dire qu'on rigolait bien et quand les ADDM passaient devant la table c'était très sympa de les encourger. Manu tenait toujours les compteurs à jour et ravitaillait les gars et Chantal.

Quand le jour s'annonçait, je me suis dit que c'était l'heure de mon footing matinal alors en continuant de plaisanter, j'ai mis mon coupe-vent car il crachinait et j'ai fait des tours tantôt avec un garçon tantôt avec une fille. Je me suis bien mis en évidence à côté de Chantal au ravitaillement pour la photo. En fait, j'étais lucide mais presque sur un nuage tellement j'étais bien. 


Quand je m'arrêtais je demandais si quelqu'un avait besoin d'un coup de main et hop, je courais un ou deux tours pour que celui ou celle qui est dans le dur se mette en confort et ne gère pas le tempo car c'est moi qui le donnait quand je pouvais. Les façons de courir de chacun sont différentes. Certains coureurs ne sont pas en photos ci-dessous mais ils m'ont donné du plaisir à accepter que je courre à côté d'eux. Certains s'en souviennent d'autres pas, le temps d'une course nous avons été très proches, j'en aurais presque le circadien-blues.


Par exemple Renaud me demandait une allure et en fait il était capable d'aller plus vite alors je me suis mis à côté et essayer de voir qu'est-ce qui serait le mieux pour lui. Une allure lente est certes une assurance de ne pas se cramer mais trop lente et elle n'est plus rentable et contrariée. Aux dernières heures quand on sait qu'on a raté son objectif premier, il est peut-être bien de se mettre dans l'allure la plus fluide, c'est à dire celle qui vient naturellement.



Stéphanie qui a fait une superbe marque a été très régulière puisque j'ai tourné un peu à différentes heures à côté d'elle, elle était quasiment tout le temps à 7'30 au kilo, sans jamais marcher, nulle part, même pas dans la bosse. Je suis admiratif de cette régularité.


Chantal, difficile de la manquer, elle a toujours ce sourire, du début à la fin, on ne sait pas quand elle est dans le dur, elle dit que la course commence après la douzième heure,  la moyenne sur deux tours donnait la même chose que stéphanie puisque c'était du 15', cependant elle courait en 6'40, marchait dans la petite bosse vers les 650m et aussi vers les 450m.


Dans la dernière heure, fred a recouru à côté de sa soeur et son mari david, le tempo était bon, le classement ne pouvait plus changer, les écarts étaient faits, stéphanie avait 198km et finira avec 206km, j'ai quitté son groupe  et j'ai attendu Chantal en sachant qu'elle pouvait faire 200km en ne traînant pas (191km pointé à 23 heures mais sans doute 1km de plus pour passage juste après l'heure. Nous avons ensemble fait des derniers tours de folie, j'ai eu un coup de moins bien, j'ai accéléré pour prendre de l'avance et ravitailler, là Chantal m'a doublé pendant que je mangeais et je n'ai pas pu la rattraper, il ne restait qu'un tour et je l'ai attendue pour le sprint final, nous allions tellement vite que nous avons quasiment fait un tour de plus, sa marque finale est à 201 km 600.

Alors, à la question: "pourquoi cours tu un ultra ?" je réponds, je cours un ultra parce que je croyais être sage et ne plus le faire, j'ai couru à Vierzon dans un premier temps pour être présent et soutenir mon ami Titi, j'ai soutenu Karim qui courait son premier ultra à Millau. Je suis quelquefois entraîneur, quelquefois coureur, quelquefois marcheur, je ne suis pas un coach cassant, j'aime la vie, j'aime courir, j'aime le partage, j'ai aimé faire une boucle avec christian Dilmi sous le regard de ludovic, je n'ai pas couru 24 heures, j'ai participé aux 24 heures de Vierzon et c'était grandiose humainement, j'ai progressé peut-être philosophiquement, j'aime la sagesse et je ne suis pas sage, même sans courir on peut partager avec des circadiens tout en simplicité et le final avec Chantal était inoubliable.

mercredi 3 octobre 2012

Karim, Millau 2012, premier 100km


Notre ami Karim est connu aussi comme Zyend sur le forum ADDM Au Delà Du Marathon, c'est un endroit où à trop traîner, on devient un jour ou l'autre aspiré par l'ultra et Karim, Hakim, Zyend a fini par craquer, a demandé plusieurs fois à son coach de préparer et courir un 100km. Pour essayer, je trouve que Millau est pas mal vu qu'avec son profil ses généreuses montées et descentes il est impossible de battre des records alors on peut se focaliser sur autre chose que le chrono et savourer. Je me suis permis de recopier son CR qui me paraît bien court comparé aux 9 heures passées de Millau à Millau en passant par Le Rozier dans les gorges du Tarn et St Affrique.
  
Millau 2012. Premier 100 km.

C'est le premier "gros" objectif que j'ai préparé depuis mes aventures sur Marathon.
Je me retrouve sur la ligne de départ après un entrainement en plein cagnard 6j sur 7.
J'ai envie de faire un truc bien mais pour moi c'est l'inconnu, et faut le dire, bien qu'affûté je ne suis pas un poids plume non plus... :siffle:

Cette course, c'était que du bonheur, avec des bons moments, d'autres moins faciles, certains très difficiles avouons-le. J'étais préparé à tout, même la météo je m'étais préparé à ce qu'il fasse un temps de chiotte.
Je m'étais donc préparé à vraiment tout, sauf à en baver du 30ème au 50ème km. :boulet:

Le départ donné, je sens que le stress est là et le cardio monte déjà haut dans les tours. C'est mon 1er 100km, alors je me calme et je pars prudemment. La 1ère partie commence bien, Charlie me suit et me rassure sur ma foulée.
Je papotte avec un jeune qui fait aussi son 1er 100km qu'il veut finir en 10/11h...je lui dis qu'il est en avance mais il me double et part bille en tête.
Un autre gars tout en noir accompagné de sa nana avance au même rythme que moi, une foulée dure qui tape sévère du talon "plac plac plac"...je me dis qu'il va avoir drôlement mal aux jambes plus tard.
Il vise aussi 10h-11h, alors qu'il est sur des bases à 8h45/09h00, sagesse quand tu nous tiens :chinois:

Les km défilent, mais y a un truc qui cloche, j'arrive au 30ème pas frais. En clair, j'ai mal aux cannes.
Je ne comprends pas, j'ai jamais eu ces sensations à l'entrainement. J'ai mal dans le haut des cuisses, j'ai mal sur l'intérieur du genou, côté souffle ce n'est pas fluide.

Je panique. On arrive sur Millau pour boucler le Marathon, je sens que Charlie perçoit mon malaise, il y a un truc qui cloche. Plus tard, je comprendrai que mon excès de prudence m'a poussé à lever le pied, adopter une allure trop lente qui n'a jamais été travaillée à l'entrainement.

On arrive près du Parc de la Victoire, le bruit me casse la tête...Un petit bisou à ma chérie mais j'ai du mal à repartir. Je m'arrête au ravito quelques secondes le temps de boire un peu de gazeux.

Mon camarade de course tout en noir me dit que maintenant il continue à 10 km/h, j'ai envie de lui dire que c'est trop tard pour lui, qu'il a déjà bouffé tout son carburant, mais c'est pas mes oignons et moi même j'en mène pas large...

Toutefois il explosera en plein vol plus tard et finira hélas à 6.5km/h :pleurer:
C'est laborieux de repartir, mais enfin on sort de Millau et l'ambiance est plus calme.

Vite fait on arrive au pied de la 1ère côte. Je commence à la grimper tout doucement, mais elle fait mal.
Je m'autorise à marcher à grandes enjambées alors que je me fais doubler à droite et à gauche, je sens que ça m'échappe. J'hésite à aller plus loin.

On passe le 50ème, je m'efforce de sourire au photographe. J'attends impatiemment la côte de Tiergues mais Charlie me dit qu'il y a encore pas mal de km avant.
Le faux plat jusqu'à St Rome est usant, il y a 3 coureurs devant moi, à peine 50m, mais ils me paraissent loin les bougres. Le temps se gâte et je suis à 2 doigts de craquer.

D'un seul coup, BLAM, il se met à flotter et c'est peut-être la meilleure chose qui me soit arrivé. Certains coureurs s'affolent un peu et s'évertuent à sortir k-way, coupe-vent, écharpes et essuie-glaces
Je remets ma casquette à l'endroit et part en tête en relançant l'allure. Je passe en mode crossman, dur au mal, avançant sans discontinuer.
Je décide de ne plus m'inquiéter pour le cardio, et si je pète en vol, ben ça fera un chouette feu d'artifice.

ENFIN ! Tiergues se présente, Charlie me dit:" ça y est, ça commence, je te retrouve dans la descente vers St-Affrique" (St-Aff pour les intimes).
J'avale la côte comme un Ti-punch, c'est à dire d'un trait, en savourant et en exultant. Sans marcher et en prenant soin de prendre les lacets bien à l'extérieur, déjà je remonte des coureurs mal en point.

La descente vers Saint-Affrique est raide, bien raide. Charlie me rattrape en vélo et j'avale un coup de flotte et une pâte de fruits. J'y vais à bonne allure et m'assure à ce que mon talon touche le moins possible le sol (merci la PPS). Ca le fait, mais la plante des pieds en prends plein la gueule. En plus ça fait chouic-chouic à cause de la flotte.
Arrivé à St-Affrique, je repars illico après m'être fait pointer. Je n'ai qu'une hâte, me retrouver à Tiergues et revenir à la maison.

Je remonte la côte avec la même détermination, la tête dans le guidon, pas question de faiblir.
Je remonte une bonne quinzaine de coureurs. J'échange quelques mots avec V. Toumazou, dont les billets sur Millau m'ont vraiment fait rêver, et continue de plus belle.
Arrivé à Tiergues, ce n'est que du bonheur. Je m'autorise à penser que la course c'est "in the pocket". Et là je redescends, sans réduire l'allure. Juste en faisant attention à bien dérouler.
Quelques débuts de crampes bordel m'obligent de temps à temps à ralentir l'allure quelques mètres en tendant bien la jambe droite...je reste vigilant mais je ne panique pas.

Physiquement, je suis heureux comme tout. J'ai mal nulle part, plus de bobos aux jambes, plus de bobos à la tête, la pluie, les bosses, c'est que du bonheur...on dirait un cross sans la boue, bref, je rentre chez moi.

Je m'attends à voir le panneau 85km, mais j'en suis en fait qu'au 80ème. Je redoutais un peu cette partie, Charlie m'avait prévenu que ça serait long du 80èm e au 90ème.
Mais je laisse filer, croise tous les coureurs qui m'encouragent, je les encouragerai (presque) toutes et tous sans exception...Ainsi que les suiveurs et suiveuses pour qui ça n'a pas dû être toujours simples.

Vite, très vite le 90ème km s'annonce. Ça sera juste, très juste pour passer sous les 9h, mais je ne cherche pas à faire le con maintenant. J'appréhende beaucoup le retour à Creisseils, heureusement Charlie me rattrape enfin. Parce que même si j'ai mal nulle part, je commence à être fatigué nerveusement.
Je gère encore quelques crampes en écourtant la foulée et en marchant à grandes enjambées bien étirées.

Charlie m'annonce encore 5km, c'est le moment. Je déroule, c'est presque plat, je retrouve ma vraie foulée de l'entrainement, en-effet, ça n'a rien à voir avec le début de la course. Je n'arrive plus à repérer les flèches jaunes, la circulation n'est pas super bien gérée lorsque je passe, c'est Charlie qui m'ouvre la route.
Km 99, c'est dans la poche, Charlie qui me gueule dessus, me dit de profiter, de savourer, de mémoriser cette allure, l'entrée sur le Parc de la Victoire, l'arrivée en faux plat.
Km 100.
Finished.
26ème.



09h01.
Enfin, j'ai vraiment mal aux cannes.


Je suis partagé sur la gestion de ma première partie. Partir trop prudemment, trop lentement m'a causé quelques soucis. J'ai appris un autre truc aussi, avec des pâtes de fruits, du coca de la saint-yorre et de l'eau plate, ben ça passe tranquille sans problèmes gastriques.

C'était une aventure sportive et humaine vraiment exceptionnelle. Pour moi ce n'est pas une course mythique qu'il faut faire une fois et la mettre sur son CV, c'est avant tout une épreuve exigeante que j'aurai plaisir à refaire tant pour la performance que pour les sensations.

En bon crossman/marathonien je me suis vraiment bien éclaté !

Z.

jeudi 13 septembre 2012

officiel : georges devient charlie et continue à entraîner


Mai 68, Mai 1981, des mois de rupture, Mai 2012, il y a eu des changements dans ma vie, pas une révolution, cependant une étape mémorable.
Il faut revenir avant ma naissance, mon grand père paternel, vietnamien, s'appelle Lê Van Tram, mon papa lui Lê Hoang An. Papa se marie avec une quarteronne, c'est à dire que son grand-père paternel est Français, il s'est marié à une vietnamienne, et mon grand-père s'est marié à une vietnamienne, la maman de ma maman.
Qui suis-je ? En plus d'être octoron, un huitième français et sept-huitième vietnamien, je suis français de nationalité. Papa est devenu français à son mariage. En 1956, deux ans après Dien Bien Phu, pour les français en Indochine cela devenait très compliqué, Papa et Maman ont décidé de venir à la métropole. La francisation du nom a eu deux conséquences sur l'état civil. Lê étant trop court, papa a fait changer en Le Hoang An puis Le Hoangan, son premier prénom était André, son deuxième Georges et tous ses proches le prénommaient Georges. Pour je ne sais quelle raison, papa a décidé que ses enfants se prénommeraient tous Georges. Maman, elle, trouvait plus pratique de nous appeler chacun différemment et c'est ainsi qu'elle m'appelait Charlie. C'est vraiment très tard que j'ai appris que mon prénom officiel d'état civil était Georges environ à l'age de 11 ans.
Papa souriait toujours quand je lui racontais mes mésaventures administratives. Quand l'été 2010 au Vietnam avec quelques frères nous avons répandu ses cendres, une page a été tournée. Il m'a fallu un an pour me décider à entreprendre les démarches pour demander à changer mon état civil.

Ce 21 mai 2012, je reçois un courriel avec une copie du délibéré envoyée par le greffe du tribunal.
C'est officiel, Charlie est mon premier prénom et cela va être inscrit au registre d'état civil à Châteauroux, là où je suis né un jour de passage de Charles De Gaulle il y a 53 ans.

Il y a la vie qui s'écoule, il y a possibilité de s'installer dans le confort et il y a des parcours chaotiques, il y a des aventures, des voyages inattendus, des prises de risque. Il y a chez moi toujours l'envie de progresser, de construire, de parfaire. En ce mois de Mai il y a eu une nouvelle façon d'envisager le futur. Cette période de grande réflexion me met dans l'inconfort, juste l'opposé de la routine qui pouvait s'installer.
Les éléments fondamentaux sont d'abord ma famille, avec Babeth mon épouse, nous sommes toujours attentifs et vigilants sur le cheminement, la construction, l'éducation de nos enfants mais ils sont grands maintenant ou tout du moins les trois premiers, Camille 26 ans interne en médecine générale, Julien 24 ans menuisier ex compagnon du devoir et maintenant apprenti philosophe, Pierre 21 ans élève ingénieur, il reste Marie 16 ans lycéenne.
Après ma famille, il y a celle de papa et maman, on ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas ses frères et soeurs, ils sont là, ils sont dans nos pensées et s'ils nous appellent nous sommes prêts à les aider s'ils en ont besoin.
Il y a mes amis, ceux que j'ai choisis et vice-versa. En ce mois de Mai, j'ai encore eu l'occasion de savourer pleinement des moments simples de bonheur avec ceux qui partagent quelques kilomètres de course et qui sourient, rigolent franchement autour d'un repas.
Je ne connais pas la solitude du coureur de fond, je suis un outre-coureur, je partage avec des infra-joggeurs et au delà de mes passions sportives il y a ma quête de progression dans la vie, la vie tout court pas un assemblage de ma vie familiale avec ma vie professionnelle avec ma vie de sportif avec ma vie de « professeur ».

A partir de maintenant je vois les choses autour de moi sous un autre éclairage. Quand j'ai rencontré des personnages qui n'étaient pas sincères avec les autres, qui se mentaient à eux mêmes, qui jouaient à une comédie et qui cherchaient sans cesse la scène et les projecteurs, j'ai eu un rejet qui s'est installé et a grandi, cela approchait même la nausée. Depuis, il m'importe surtout d'agir dans ce qui m'apparaît aller dans le sens de l'amélioration de chacun et de tous, il ne s'agit pas de me fondre et disparaître comme individu mais plutôt en associant mes forces, mon énergie à mes frères et amis avoir plus d'impact. Un philosophe qui vit en ermite n'arrivera qu'à se convaincre lui-même du bien-fondé de sa philosophie et son groupe sera réduit à une personne, l'humanité entière continuera son chemin sans apport de la méditation de ce philosophe.
Quand j'entraîne des athlètes, j'ai un groupe assez important avec quelques dizaines de membres, quand des athlètes que j'entraîne deviennent à leur tour entraîneur, mon groupe additionné aux groupes de mes athlètes-entraîneurs est beaucoup plus grand. Quand ma sagesse est partagée, je reçois et je donne, le “Je” deviens nous; nous contribuons chacun à notre progression personnelle et collective.

mardi 1 mai 2012

Week End du 28 et 29 avril

Samedi 28 avril 2h00 du matin, réveil, la nuit a été très courte et il faut se préparer pour le BUT c'est à dire le Bretagne Ultra Trail.
Le sac que je récupèrerai à Plouay est quasiment prêt, il faut juste que j'y mette la crème anti-frottement après en avoir mis aux endroits "critiques".
Ma tenue est bien lourde car mon objectif est d'avoir l'équipement obligatoire sur les très longs trails en montagne avec des vêtements pour résister au froid, il ne me manque qu'une polaire fine et un collant trois-quart qui descend sous le genou. Passage en revue de ce que j'emporte, deux bâtons télescopiques, des gants, une casquette, la veste en Gore-Tex, deux lampes à LED, une au front et une au ventre, mes lunettes de vue, un sous-vêtement manches longues HH, un boxer en lycra, un shorty qui sera remplacé par un trois-quart, des tubes de compression qui me servent surtout de protège mollets contre les griffures ou les orties, chaussettes techniques, chaussures de trail et mon sac qui contient la poche à eau, le sifflet, le téléphone, de la nourriture, de quoi strapper, un gobelet plastique, la couverture de survie, les piles de rechange, le roadbook. Il y a bien des choses qui ne serviront pas mais je dois m'habituer à avoir ce poids "inutile" aujourd'hui et obligatoire un autre jour.
3h00 avec Thierry Traub, nous montons dans le car qui fera le trajet Le Pouldu vers Le lieu du Départ. Le car part un quart plus tard et met plus d'une heure pour nous déposer. Nous posons nos sacs qui iront à Plouay et nous entrons dans un bistrot où nous est offert une boisson chaude. Mon thé est à peine entamé qu'il me faut sortir pour écouter le directeur de course qui donne des indications sur le trail.

5h00, Pas de coup de pétard pour le départ, c'est juste un message du type : "bon vous pouvez y aller, bonne course". Cela part vite, j'ai froid et je suis content d'être bien protégé avec ma veste. Thierry me donne un peu plus tard notre allure nous sommes en fin de peloton et pourtant je trouve que cela va très vite. Je ne suis pas essoufflé, je contrôle ma FC qui est basse, c'est à dire conforme à mes sorties très très lente. Mes footings se font souvent au début à FC 135 et au bout d'une heure à FC 145, là je suis en dessous de 120 ce qui est la FC travaillée par Thierry Dehais qui devraît être sa FC de 24 heures pour une allure de 5'10 au début puis 5'25 en croisière si les conditions météo sont normales.
Tout va bien, je suis le peloton et n'ai pas besoin de chercher les rubalises ou les flèches fluorescentes d'indication de changement de direction.
A un moment j'ai vraiment trop chaud alors je m'arrête, il faut enlever le scratche des dragonnes des bâtons,  les poser, ôter la veste en gore-tex, dézipper ma veste-sac, ranger la veste dans  la veste-sac (dézip et rezip), remettre la veste-sac, zip, ... ne pas s'embrouiller, refermer le sac, zip, remettre la veste-sac, zip, reprendre les bâtons, re-scratcher les dragonnes, oups, c'est bizarre les scratches ne vont pas, j'ai échangé la droite et la gauche, j'intervertis et je re-scratche, c'est bon je repars. 
Manque de bol, je suis dans le noir, il n'y a plus personne alors il me faut chercher les rubalises. A un moment je vois une flèche fluo, je tourne et me retrouve dans les branchages, je reviens sur mes pas, j'essaie de tourner plus loin et pareil. Comme j'entends des coureurs arriver je leur demande le chemin, j'ai du bol ce sont les serre-files alors ils me montrent le chemin. 
Il y a des portions très roulantes et très simples (pas à se demander si je me suis perdu) alors je me permet d'accélérer et ainsi recoller à d'autres trailers, je ne suis plus avec les serre-files.
Le jour va se lever et je sais déjà que ce trail breton mérite le nom de trail, la dénivelée n'est pas un mythe, il y a des successions de montées et descentes dans les bois et la dénivelée de plus de 2000m annoncée n'est pas une erreur de calcul j'ai déjà l'impression que plus que les montées, les descentes me fatiguent les cuisses.
Pour ne pas être rattrapé par les serre-files, dès que c'est possible je cours dans les faux-plats aussi bien montants que descendants, sur les pentes plus raides, j'utilise les bâtons sans jamais changer leur longueur. Une seule fois dans la course j'aurai le nez dans la pente et raccourcirai les bâtons.
Tout se passe bien et comme tous les coureurs je me rapetisse pour passer à l'intérieur d'une des maisons du village de l'An Mil où il reste un odeur de feu de bois, un peu plus loin c'est le premier ravitaillement en eau, je contrôle ma poche, avec 1 litre au départ, il reste la moitié, je bois 20cl dans mon gobelet et après un rapide calcul, j'ai parcouru 18,7 km il y a 7,9 kms pour atteindre le prochain ravito, alors je n'ai pas besoin de recharger et je repars  mais le dernier de la course lui ne s'est arrêté que quelques secondes et m'a dépassé, je suis donc le dernier. 
Avant Bubry j'ai redoublé et je me suis encore perdu un moment, et me suis fait redoublé et il s'est fait redoublé. L'ultra comporte c'est vrai beaucoup de répétitions et c'est difficile de ne pas faire de récit lourd en terme littéraire, autant on peut faire un poème très court et très dynamique sur une course dans un stade, autant il faut bien s'attendre à décourager un lecteur intéressé par le récit d'une épreuve d'endurance. Notons qu'il n'est pas encore question de souffrance.
Bubry est atteint malgré quelques errements, pendant que j'enfourne des tranches de saucisson avec des Tucs, je consulte le roadbook et constate que je suis à l'aise au niveau des barrières horaires, en fait il n'y en a qu'à Plouay et c'est dans 25,4 kms alors que je viens d'en parcourir 26,6 et pauses comprises je n'ai pas mis 4 heures, il me reste 5 heures pour arriver, c'est quand même bien si j'arrivais avec plus d'une heure d'avance.
Encore un bout d'emmenthal et du saucisson, encore une fois je repars ... le dernier et plus tard un groupe de coureurs du coin me rattraperont et discuteront à tour de rôle avec moi. D'ailleurs à un moment comme ils trottent tranquillement et que je n'arrive plus à suivre, je constate une fringale et je mange deux barres après plusieurs minutes à marcher l'énergie revient et je repars à trottiner et je les distance quand ils s'arrêtent pour discuter avec des bénévoles.
A un moment, le coureur qui me précédait revient vers moi, il s'est aperçu qu'il s'est trompé et m'encourage à rebrousser chemin car il n'a pas vu de rubalise depuis longtemps, nous marchons prudemment en revenant sur nos pas et nous finissons par découvrir l'endroit où il fallait tourner. Merci de m'avoir éviter de faire des centaines de mètres en plus.
Le groupe des serre-files est d'accord avec nous, c'est bien le bon chemin.
Comme j'arrive à trouver une allure correcte sur les parties roulantes je ne suis plus dernier et me sens bien et pense que mon camarade de course est lui de plus en plus mal quand je me retourne et ne le vois plus. A un moment je ne comprend plus très bien, je me fais doubler par d'autres trailers et leur dit que je croyais être avant dernier. Ils me disent qu'en fait ils se sont perdus et ont fait des kilomètres en plus. 

Midi, Le 24 heures de Rennes est à son début, cela fait deux heures que Titi est en course alors que je mange un sandwiche préparé à la maison avec une thoïonnade "Délices du Lubéron", un autre trailer qui s'est perdu me dépasse. Cela ne fait que 7 heures de course et je ne commence quand même pas à délirer, c'est un peu tôt, en général c'est dans la deuxième nuit de veille que j'hallucine. Bon le gars est bien réel et il me souhaite un bon sandwich, en fait j'avais testé les Délices du Lubéron, c'est extrêmement bon voire Ultra bon.
Nous ne sommes pas loin à priori de Plouay. Il y a des fois où j'aimerais avoir un GPS juste pour savoir mais je sais que de toutes façons ça ne me fait pas avancer plus vite et qu'il faut de toutes façons ne pas traîner et aller le plus vite possible sans se crâmer.
Alors que je trouve que c'est interminable, je rattrape le trailer "perdu-retrouvé" et il me dit qu'il n'a jamais été aussi mal en course avec des mauvaises sensations et qu'il s'arrête à Plouay, là dessus, un crachin s'invite et ajoute une dose de blues alors je me retape une séance "scratch bâtons, zip veste-sac, zip-sac, sortie veste gore-tex, zip sac, zip veste-sac, zip veste gore-tex, scratches et course.
Le bitume dans Plouay n'est pas si désagréable car c'est quand même l'annonce de la grosse pause.
J'arrive dans les temps prévus, je récupère mon sac, je me sèche, je me change, haut manches longues sec, du bonheur, ré-application de crème anti-frottement, échange pour un boxer en lycra sec, du bonheur, shorty sec, massage des quadris avec de l'huile à l'arnica, soupe, sourires des bénévoles tout ça s'est bien l'ambiance de l'ultra-trail et je m'y attarde, je prends deux bols de soupe, deux sandwiches jambon beurre, je re-consulte le roadbook, on me demande si je repars et je confirme alors ils ont l'air de m'attendre tout en me disant de ne pas me précipiter. 
Le prochain ravito en eau est à 20,7kms alors je charge ma poche avec 1,5 litres et en comptant ce que j'ai mangé en barre, je m'aperçois qu'il y bien assez dans mon sac. (barres de pâte d'amande et barres de pâte de fruit).
Quand je quitte le ravito de Plouay, mes muscles sont complètement raides, c'est dur de trottiner. Deux coureurs de l'organisation me rattrapent et ils enlèvent les rubalises, heureusement qu'ils sont là car à un moment je manque de me tromper de direction. Ensuite ils vont passer en revue toutes sortes de sujets de discussion, cela passe par de la course à pied, du bricolage, des nouvelles des amis, ils me donnent des informations sur les endroits qu'on traverse et c'est tantôt très agréable et tantôt j'aimerais être seul pour ne plus rien entendre et m'échapper mentalement comme je le fais quand je suis dans le dur.

Là, grâce ou à cause à mes quadris je commence à me dire que cela ressemble à de la souffrance.

En effet, après une heure où il m'a fallu attendre que mes muscles ne soient plus raides, je trouve un rythme de croisière et je trottine là où c'est possible et je marche dans les montées aidé de mes bâtons.
A un moment, nous passons sur l'autre rive du Scorff au moulin du Stang, est écrit sur un panneau "bienvenue en Pen ar Bed", je m'arrête et m'assois sur un rocher et consulte le roadbook, je suis dépité, je constate qu'il me reste 40 minutes pour attendre les rochers du Diables le prochain point d'élimination et il est à 10 kms alors qu'un rapide calcul me donne à peine du 6,5 km/h depuis Plouay. 

Mes compagnons qui débalisent, s'appellent Didier et André, le BUT demande en gros 150 bénévoles qui viennent des différentes organisations des courses du challenge armor-argoat. Didier qui lui est en récupération d'un raid en Egypte est bien lucide et me dit que je me trompe carrément de 2 heures. 

En fait il me reste 2 heures et 40 minutes avant la barrière des 18 heures.

Charlie n'avait pas d'hallucination mais au bout de 60 kms et 10 heures de course subissait une grosse fatigue avec incapacité de calculer correctement. Détail qui intéressera les utilisateurs de cardiofréquencemètre, pendant longtemps la ceinture émetteur était tombée au niveau du nombril et les indications étaient bien sûr complètement fausses. Après réajustement de la ceinture, la seule constatation était que les pulses ne montaient pas car le vrai frein était la fatigue musculaire. Les quadriceps étaient "détruits".

Le long du Scorff, c'était un peu boueux et cela glisse mais comparé à ce que j'avais vécu dans la forêt de Bélouve en Octobre c'est de la blague, en plus je me rattrape avec les bâtons, pas une seule fois je ne mettrai mon nez ou mes fesses dans la boue. 

En quittant les bords de la rivière, c'est très souvent en montée. Il ne reste que quelques kilomètres quand nous arrivons au village de Saint Eloi. Là il y a une portion roulante avec bitume mais le coeur n'y est plus, je n'arrive même plus à trottiner. Encore des considérations arithmétique et c'est simple, la barrière de la course est calculée avec une moyenne de finale de 6,2 km/h, pour l'heure si je ne fais que du 3km/h car je n'avance plus qu'en marchant, cela ne le fera pas. C'est fini dans ma tête, c'est fini dans mes jambes, je dis à mes compagnons que c'est décidé, j'arrête, bien sûr je passerai au prochain contrôle mais pas au suivant qui est 10km après mais seulement à 1 heure c'est à dire 19h00. Maintenant que j'y repense, j'ai dû faire des erreurs de calcul. De toutes façons, je n'avance plus qu'en marche très lente.
Didier et André se concertent, ils téléphonent aux bénévoles aux Rochers du Diable pour avertir qu'un serre-file peut partir chercher celui qui est maintenant le dernier de la course.
André qui est un amoureux de cette Bretagne de l'argoat me dit que nous allons voir un endroit magnifique et que cela vaut le coup de faire un dernier effort pour le savourer. Bien sûr je lui fais confiance et même si j'y vais en marchant nous y arriverons bien et il n'y a plus question de délai.
Merci encore André et Didier de votre gentillesse d'avoir partagé mes derniers kilomètres et de m'avoir raconté votre Bretagne de l'intérieur. Merci pour m'avoir proposé de descendre voir les Rochers du Diable.

Samedi Après Midi, tout doucement, j'ai commencé la récupération et j'ai regardé ce que faisait Titi sur le 24 heures.
J'ai eu un  moment de déception mais cela a été très court, avec mes amis jeanlou et patrice qui a terminé le BUT version courte (62 kms quand même et des bosses aussi) nous avons attendu Thierry qui terminait dans la nuit. Il a parcouru les 115kms et les plus de 2000D+ et 2000D- en 19h30.
Le BUT est magnifique, il se respecte et se mérite. A vari dire, j'ai manqué de respect en ne préparant pas assez le côté spécifique trail long et je ne le méritais pas.

Pour terminer ce Week End avec une note sympathique, à mon réveil dimanche, j'ai constaté que Titi tenait le coup et était en tête de la course. Les graphiques ci-dessous correspondent aux classements de ceux qui seront sur le podium, Christophe Laborie, Jean-François Haruis et Titi Dehais et aux allures heure par heure. Titi a lui aussi eu des pannes de cardiofréquencemètre, il en a essayé deux et ce qui compte c'est qu'il a bien mémorisé les allures et il n'est pas parti comme un fou et comme il avait des soucis au départ, il n'a stabilisé qu'après deux heures de course. Son allure a baissé, mais comparé à tous les autres partis devant lui cela a été moindre et cela lui a permis de gagner et de faire une belle marque de 228km pour son premier 24 heures. Sachez que ce sont ses jambes qui ont tourné mais dans son coeur, il y avait le petit Célestin (association mille et un sourires).



jeudi 5 avril 2012

Mon club à Cheverny

Yoann Adam, heureux, un nouveau marathonien au club.




Une phrase écrite par un de mes amis entraîneurs que je partage intégralement et je pense que nous sommes beaucoup comme cela heureux tout simplement: "Quel week-end, quelle ambiance ! Je suis drôlement fier de mon club!"

Nous sommes partis de Rennes et alentours samedi matin pour arriver à Blois pour le pique-nique.

Il y a les inséparables de l'entraînement du samedi matin. Il y a une très belle délégation de filles ! la proportion dans les courses varie de 10 à 15%, sur ce déplacement nous avons quasiment la parité.

Après le déjeuner, quelques uns sont allés à Cheverny visiter son château, les autres le château de Blois.

A la fin de la visite, je trône pour la dernière fois. Le Président-Roi du club que j'étais avait autour de lui des membres du bureau que je dois appeler maintenant des félons. Ils simulent leur loyauté ce samedi après-midi mais le soir ce sera le coup de grâce. Qu'importe, une nouvelle vie m'attend, enfin je suis libre de courir, d'entraîner et ne plus être obligé de gouverner ce petit monde qui ne demande que des courses, des jeux, du pain et à boire.

En fait, ils ont tous raison, nous faisons partie d'un club d'athlétisme où les enfants courent, sautent et lancent et les adultes courent, courent dans la boue, courent sur bitûme et courent sur les chemins.

Ce samedi soir, d'abord nous avons fait un petit footing d'une demie heure avec christophe Treuil nous a rejoints. Christophe vit pour l'instant en région parisienne et n'avait jamais rencontré les membres du club. Il participe au Marathon des Sables et rencontrera notre ami andré Sicot un multi-récidiviste sur le MDS et surtout un des anciens du club.

Ensuite, notre groupe s'est rendu à l'orangerie du château de Cheverny pour la formidable pasta-party du marathon.

Là c'est simple, l'ambiance a été superbe, les gars et les filles se sont senties très à l'aise, complètement libres de dire ce qu'ils voulaient. Ils appréciaient le repas, les pâtes étaient Al Dente. Tout le monde était aux anges.

Quand christian Hurson a pris le micro, il a accueilli tous les marathoniens comme il se doit et a passé la parole à Cécile la présidente du club et de l'organisation du marathon.

La sentence est tombée: tous les gars ont déclaré que cécile était la nouvelle présidente de notre club.
Quand je vous avais écris plus haut que les félons étaient là ! à mes pieds à Blois et prompts à me dégager à Cheverny !
Jean-marie et catherine Dibalszki étaient avec nous à la pasta, tous deux connaissaient déjà quelques membres du club qu'ils avaient rencontrés à mon anniversaire à Noyal-Pontivy.

A notre table, il y avait les filles qui étaient au club bien avant mon arrivée comme Françoise et Jocelyne et des nouvelles têtes comme Bénédicte deux années, je crois et Estelle là depuis la rentré de septembre.

















La soirée a été joyeuse, nous avons rejoint notre hébergement.


Bien sûr ceux qui vont courir le marathon dimanche ont préparé leurs bouteilles pour le ravitaillement personnel.































Réveil et petit déjeuner à 6h00 pétantes, Rituel immuable pour avoir 3 heures avant le départ du marathon.
C'est l'occasion pour certaines de s'afficher avec leur nouveau maillot et leur dossard épinglé. C'est surtout l'occasion de souder des groupes, là c'est naturellement le groupe des filles et les entraîneurs et entraîneures espèrent que cela va faire des belles équipes pour les cross l'hiver prochain.


























Les photos des courses sont un peu partout comme celles prises par l'équipe d'Yves-Marie Quemener consultables sur son site

Celles des coureurs de la JA Melesse ont été recopiées sur le blog du club jamelesse.blogspot.com

Après le marathon et les duo-marathons nous avons posé pour la postérité et nous sommes allés nous restaurer, sans aucun doute il y a des coureurs qui sont contents, ils ont eu de la course, du pain, des rigolades et à boire ... tout ce que demande le peuple.




Ah que je suis, nous sommes fiers de ce club, je suis extrèmement content qu'il y ait toute une équipe qui aime organiser ce genre de Week End et tous les coureurs qui savent savourer ces moments de bonheur.

lundi 5 mars 2012

championnat national vétéran

Juste quelques mots: Le bonheur d'avoir été de la fête, en tant qu'entraîneur je suis invité aux championnats de France d'athlétisme mais en tant que V2H, c'est à dire M50 en français vétéran 2 homme et Male de plus de 50 ans, j'ai droit de courir le championnat des vétérans 2.
Ce n'est pas pareil car il n'y a pas de tours de qualification comme chez les jeunes et jeunes V1H (départemental, régional, demi-finale ). Alors j'ai couru 9790m en 46'39 et fini 143ème sur 156 V2. La courbe de FC montre qu'à plus de cinquante ans, mon coeur peut monter à la FC 183 sur le sprint final.
J'ai écrit un papier sur le blog de mon club avec quelques photos prises par thierry collen et françoise gréhal. Oui, j'ai passé un très beau dimanche à la Roche sur Yon ! lien vers le blog du club JA Melesse athlétisme

lundi 6 février 2012

Week End Courir Avec au trail du Glazig

Après le samedi 4 et le dimanche 5 février passé à Plourhan à proximité de la baie de St Brieuc, je me suis retrouvé touché, dans ma chair et dans mon cœur.
Mon footing de récupération du lundi a fait ressortir des petits bobos au dos, aux fessiers et aux ischios. Les bobos sont la trace des trails de samedi et dimanche avec des portages quand c'était sur des rochers ou des passages avec marches ou barrières.
Mes moments de réflexion dans le calme m’ont rappelé que j’ai été moralement secoué. Par moment j’avais les larmes aux yeux, peut-être suis-je très (trop) sensible, les émotions fussent elles de peine ou de joie me tire la larme quand elles sont fortes et samedi les retrouvailles avec la famille Lorant m’a fait énormément plaisir, il y avait Isabelle et jean-Michel la maman et le papa, Louhane la petite sœur et Emmanuelle, dite Manu qui était toute excitée car elle savait qu’elle allait revivre des beaux moments de course, nous en avons déjà pas mal aux compteurs, des trails et même le 100km de Millau. Toute la famille m’a bien montré que le plaisir de se retrouver était réciproque. Manu ne parle pas mais son franc sourire suffit pour communiquer. Elle a fait une mine malheureuse quand elle m’a vu pleurer et je lui ai retourné un large sourire pour qu’elle comprenne que j’étais heureux, très heureux. C’est difficile d’avoir peur de faire passer un mauvais message. C’est rare que les gens pleurent de bonheur et c’est encore plus rare que les enfants le voient, manu n'a dû retenir que mon large sourire même avec les yeux humides.

Cela fait 3 ans que j’ai rencontré ces coureurs autour des enfants dans les joëlettes, c’était au même trail du glazig édition de 2009. Au départ, je m’intéressais simplement au programme offrant le Noz Trail le samedi soir à la frontale et le Grand trail le lendemain, cela me faisait une belle séance d'entraînement trail sur de la fatigue. En visitant le site Internet du Glazig, je découvrais une belle vidéo des Dunes d’Espoir et je prenais contact pour éventuellement donner de mon énergie à faire avancer la joëlette et l’enfant. Comme vous vous en doutez, j’ai beaucoup aimé car j’ai continué dès que mon agenda me le permettait à courir pour Dunes, ce fût quelques marathons en jaune avec des coureurs venant de partout, Région Parisienne, Alsace, Nord etc … et puis quand l’association s’est montée dans la région Nantaise, naturellement comme Rennes et Nantes ne sont séparés que de 100km et faisant partie de la Bretagne historique, j’ai adhéré à « courir avec » en 2010, j'ai couru avec les deux associations par exemple le trail d'Arzon en orange et le trail du bout du monde en jaune, j'ai invité des amis dans les deux cas.

C’est quand nous pouvons passer un peu plus de temps que le temps d’une course que c’est très sympathique, nous l’apprécions tous. Les obligations, le rythme fou de nos vies nous empêchent de nous retrouver plus souvent. C'est mon regret.

Samedi, nous avons couru dans la soirée, dans le noir, armés de nos frontales et j’ai trouvé que cela est passé très très vite. Manu était ravie quand il y avait des bosses et que cela bougeait dans tous les sens. Nous ne sommes restés qu’une toute petite heure en course et c’est évident que le froid était bien là et plus longtemps, cela nous aurait tous congelés, surtout les enfants Manu et Anaïs dans l'autre joëlette.

Pendant le repas du soir, Patricia qui prépare un documentaire sur la vie des enfants, des coureurs et des parents autour des courses en joëlette a posé pas mal de questions pour s’imprégner avant de faire un tournage qui aura comme point d’orgue le voyage d’une semaine en Tunisie avec un très beau groupe de l’association.
Parce que je ne sais que très peu de choses sur la vie, les sentiments des parents, des frères et sœurs des enfants handicapés, j’ai été toute ouïe quand la maman d’Anaïs parlait. Il ya des moments difficiles car dans certains cas, des compagnies, des sociétés, des organisations n'y mettent pas de la bonne volonté et au lieu de rager, quand je serai témoin de ce genre de situation, je serai dans l'action et pas dans la simple protestation. Plus tard dans le WE, j’ai bien vu les échanges entre les mamans de Manu et d'Anaïs et je trouvais cela vraiment encourageant. L’association, les coureurs ne sont pas seulement là pour donner le bonheur aux enfants de courir mais je tiens à faire savoir à d’autres parents que c’est l’occasion d’accepter pendant quelques heures que l’enfant ait sa propre vie, sa fierté de courir de belles courses ; les coureurs reçoivent en retour un plaisir incommensurable, quelquefois des personnes un sens à leur vie, quelquefois, ils savent ce qu’ils sont mais ne savent plus pourquoi ils courent. On peut courir sans penser, on peut courir sans savoir pourquoi, on peut penser que c’est un acte simple de la vie, on peut penser que vivre bien c’est être dans l’action au lieu d’être dans l’espoir, quand je "cours avec", je ne me pose plus de question, je suis dans la vraie vie, "j'avance", je sais que les enfants et tous les coureurs autour sont tout simplement heureux. Il n’y a pas d’ego, le groupe avance, le groupe est heureux.
Pendant ce temps, il y a des parents qui courent et vivent la course de l’intérieur et il y a des parents qui sont en attente par intervalle, ils nous voient aux points de relais quand nous changeons d’ « équipage », c’est un nouvel occupant dans le siège et c’est aussi le nouveau cœur, nous ne sommes que les jambes. Les parents voient leur enfant partir pour quelques minutes ou quelques heures, tout à l’heure, la ligne d’arrivée franchie nous serons à nouveau tous rassemblés.
Dimanche c’était l’anniversaire de Louis, son installation dans la joëlette a duré un bon quart d’heure nous nous sommes refroidis mais nous avons pu chanter « joyeux anniversaire » et cela lui a bien plu. Bon le redémarrage m'a été assez difficile, les cuisses et les mollets étaient durs. Il y a des parents qui n’osent pas laisser partir leur petit dans la joëlette, je sais maintenant que c’est difficile, c’est le contraire d’une situation de confort de l’esprit, le normalité rassure, l’extraordinaire donne des craintes, pour les parents rester tout le temps avec leur enfant c'est plus simple. Avoir un peu de temps entre parents et imaginer que la vie peut être un tout petit peu différente, voilà ce que j’ai envie de proposer aux parents, "permettez nous d’avoir du bonheur partagé avec votre enfant, permettez vous de rencontrer d’autres parents qui ont fait le saut une fois et qui maintenant ont le plaisir de voir tout un monde heureux ne serait-ce que le temps d’une après midi ou d’un week end."

Amis coureurs, si vous rencontrez des papas et des mamans d’enfants qui ne peuvent pas courir, encouragez les à visiter les sites Dunes d’espoir et Courir avec. S’ils sont Rennais alors ils peuvent me contacter, je les guiderai avec plaisir.

sites http://www.courir-avec.fr/ et http://dunespoir.free.fr/


mardi 24 janvier 2012

cross et pointes de cross, des petits désagréments, des petits bonheurs


Dimanche 22 janvier à La Mézière, suite au cyclo-cross du samedi, Agile Talon a organisé la première édition du cross pour les coureurs à pied ou plutôt à pointes.

C'est un superbe parcours qui nous a été offert, avec des petites bosses, des virages en U, des belles buttes à grimper et descendre, une rivière à sauter.
Les filles ont couru avant les garçons, Françoise a été très attentive sur les successions de petites bosses avec sortie en virage dans des ornières boueuses.

















Peut-être que le plus heureux de notre bande était thierry Collen parti comme une balle et premier à la fin de la descente du départ.

Comme souvent dans les cross, il y a plusieurs courses, celle pour le podium pour les très rapides et celles entre copains.





















Du côté du podium, Olivier un nouveau au club a terminé 3ème, s'il y avait eu 500m de plus il paraît qu'il aurait battu Thierry qui a fini à une belle deuxième place, cela a donc fait deux crossmen de la JA Melesse derrière stéphane Gautier de l'US St Gilles le club.






Du côté de ma course, de mon championnat de mon jardin, c'était Jeanlou l'homme à battre. Il n'y a pas eu de réelle bataille donc pas de vraie victoire et pas de petit bonheur de l'avoir eu!

Dès le départ, j'ai dit à jeanlou qui ne mettait pas de pointe que ça lui donnait une excuse pour se faire enrhumer. Ce qui était prédit arriva, sans pointes, les buttes étaient très difficiles à grimper. Petits désagréments, que j'ai eu: lors de la reconnaissance du parcours, j'ai constaté des bouts de moquette sur des passages en dur, alors j'ai opté pour 3 pointes de 12 à l'avant et 3 pointes de 9 usées à l'arrière, lors des grimpettes de buttes, je glissais et dans les virages je ripais vers l'extérieur. Mon sentiment était: " Charlie, trop nul, tu as mis trop court sur l'extérieur et sur l'avant, peut-être 12 à l'extérieur et du 15 à l'avant aurait été correct ?". De toutes façons au fur et à mesure des tours, Jeanlou était de plus en plus loin, donc c'est bien que les pointes étaient déjà un avantage.

Lundi, footing de récupération au Gayeulles, en attendant les copains, j'ai un peu de temps alors je prends mes pointes pour les laver et les brosser car il y a ce qu'il faut pour les footeux. Là je me rends compte que ma chaussure de droite n'a plus qu'une seule pointe, je comprends pourquoi je croyais être trop court. Arrêt du nettoyage. Premier petit bonheur, mon ego était au mieux car de crossman nul j'étais passé à crossman pas de bol avec des chaussures à pointes en moins. Passage mental à un nouveau petit désagrément, mes chaussures à pointes sont neuves et c'est sans doute pas de bol, les supports sont cassés comme avec mes anciennes.

Mardi matin, très tôt, je ne peux plus dormir, il est 5h, je me dis que je vais aller courir et je me retrouve avec mes belles chaussures à pointes ... avec des pointes qui manquent. Bon, je me mets à les nettoyer, à enlever toute la terre qui bouche les trous et là, ... petit bonheur je m'aperçois que les pas de vis sont bien là, je gratte avec une pic et je remets des pointes, elles tiennent. C'est un petit bonheur qui me donne la pêche pour la journée, j'irai courir ce midi même si j'ai un peu mal à mes ischios derrières les genoux. De toutes façons dès le vestiaire je raconterai mon histoire à mes copains. Dimanche, nous serons au Bretagne de cross à Quimper, ce sera encore du bonheur, Vive le cross !