jeudi 6 novembre 2008

grand petit homme

ce soir, j'ai le sourire, j'ai vécu un petit moment de plaisir simple un peu lié à la course à pied

le titre de cet article vient d'un pur moment de bonheur que j'ai en mémoire lors de la 6ème ou 7ème fois où j'ai regardé le film avec Dustin Hoffman dans le rôle du GRAND petit homme, grand par l'humanité, petit par sa taille. En Version originale c'est little big man. Ce pourrait être aussi le surnom de Hailé Gebresselassié. Grand par sa gentillesse, grand par sa qualité de coureur, grand pour sa carrière sur piste et sur bitume, accessoirement petit par sa taille.

Little big man se résume aussi par une phrase: "grand father, it's a good day to die", cela pourrait être perçu comme un message morbide puisque cela veut dire c'est un bon jour pour mourir cependant il faut le prendre aussi comme: "je n'ai pas peur de mourir, je vais faire ce que je considère comme bien, comme nécessaire et si c'est le jour pour que ma vie s'arrête sur terre, ... c'est un jour peut-être mieux qu'un autre, car c'est un grand jour."

Resituons le contexte, je suis loin de ma famille, de ceux que j'aime, celà fait depuis 4 soirs que j'ai quitté mon nid douillet, ma ville de Rennes où je suis bien.
Ma femme, mes enfants me manquent, ce weekend, nous étions pour la première fois depuis avril tous ensemble. En effet, mon fils un moment Berlinois est passé en coup de vent à Rennes et il est reparti pour le sud-ouest de la France. Nous avons savouré quelques instants de complicité, quand je voyais mes enfants bien ensemble, je partageais avec babeth un sentiment mélangé de fierté et d'admiration. Fierté de voir qu'ils sont bien, ce n'est pas commun à toutes les familles et admiration de cette "sagesse" déjà acquise malgré leur jeune âge, ils savent profiter de moment de calme et être simplement heureux, c'est le début de la sagesse que de goûter à un rythme lent et l'apprécier. Oui, les enfants ont 22, 20, 17 et 12 ans et ils sont adorables et déjà bien ... dans leurs baskets.

Donc à Clichy où je suis temporairement pour le boulot, je ne coule pas des heures tranquiles (hures tranquiles à Clichy c'est un roman d'henri Miller). Je n'arrive pas à me motiver pour aller courir sur les trottoirs. Depuis dimanche je n'ai pas eu ma dose d'endorphine. Pendant ce temps je reçois des courriels de mes copains qui me racontent qu'ils ont fait une séance bien sympathique à Cesson. Ils arriveraient presque à me déprimer car à cause du boulot, je ne peux pas courir le midi, là où il y a de la lumière qui vous fait tant de bien.

J'entends jeanlou dire, ce petit footing entre 12h et 14h me fait un BIEN FOU!

Donc je suis là dans ma chambre d'hôtel à me dire, ben ... si je me faisais un petit resto tranquile avec un bon roman pour passer le temps tout seul à une table.
Tout seul à une table, ... ça pourrait me faire un coup de blues.
Tant pis j'y vais, je ne suis pas allé courir et bien je vais me faire plaisir à bien manger.

Là dessus, en chemin, je vois le restaurant La Bonne Table, c'est un restaurant de poissons, je vais pouvoir manger équilibré.

Je me décide, j'entre, la déco a changé depuis la dernière fois et c'est vrai que c'est sympa comme ambiance. Sylvie, la patronne et épouse du chef m'accueille, je m'installe. J'ouvre mon bouquin, excellent (roman de Peter May qui se passe en chine) mais je n'ai pas le temps de lire grand chose, l'hôtesse des lieux me demande: "c'est bien de Melesse que vous êtes?". Incroyable, Melesse est un bourg à 10km de Rennes et pratiquement personne en France ne connait Melesse. Et là je commence à comprendre, elle me dit que Melesse est très connu dans la course à pied. En fait ce n'est pas Melesse qui est connu, c'est le club, la JA Melesse, mon club. Plusieurs fois on m'a félicité d'être dans ce club car notre réputation est réelle parmi les marathoniens. Mais que Sylvie dans un restaurant de Clichy me parle de notre renommée, cela me scotche, cela m'interpelle, celà me laisse pantois.

La France est un tout petit village, l'Europe est à peine plus grand car en fait, à force de bavarder, j'apprends que thierry, le chef a couru le marathon de Berlin, fin septembre 2008 ... c'est même fort probable vu le chrono honorable qu'il a fait qu'il était au début de la course pas loin de moi, (après je sombre et je suis très loin au chrono thierry a fait 3h15 soit presque 45 minutes de mieux que moi).

De fil en aiguille j'apprends que Sylvie et Thierry ont décidé d'entrer dans un club pour courir et s'entrainer mieux que tout seul avec comme seule référence un mensuel de course à pied.

Comble de coïncidence, quand Sylvie me donne le nom de son club, je ne peux m'empêcher de faire le lien avec nico que j'ai rencontré plusieurs fois sur Paris avec mon ami Karim. La boucle est bouclée, le monde est un petit village. Nous avons des connaissances communes. Après tout, il n'y a que 30000 coureurs au marathon de Paris, 40000 au marathon de Berlin. Moi qui ai couru ces deux marathons, je suis sûr que parmi mes lecteurs, il y a de dizaines peut-être des centaines de marathoniens que j'ai cotoyés dans ces marathons et qui un jour m'adresseront la parole ou bien m'enverront un courriel de sympathie.

Déjà je crois que j'ai fait presque 100 plans d'entrainements pour des marathoniens à Paris et une poignée pour le marathon de Berlin.

Pour conclure, alors que j'étais "bof" du point de vue moral, je suis allé chercher le réconfort d'un bon repas dans un restaurant qui par ailleurs sert de la cuisine savoureuse et j'ai eu plus qu'un excellent repas, j'ai eu des échanges sur l'entrainement, sur l'ambiance des courses, sur des champions, sur des chronos, sur des séances, sur la difficulté qu'a une mère de famille qui travaille à s'entrainer etc etc ... autour de la course à pied. Je n'ai pas eu mes endorphines générées par la pratique de la course à pied mais j'ai eu droit à un moment d'éternité et cela m'a fait penser à little big man qui dit: "it's a good day to die.

Je continuerai à entrainer les gars de Melesse au côté de Christian la figure emblêmatique de notre club car à 350km de chez nous, nous avons la satisfaction d'être un club reconnu parce que nous avons de bons athlètes.

2 commentaires:

Serge92 a dit…

et pendant ce temps avec Thierry nous étions au restaurant dans le XV pour l'AG du club!....Sylvie m'a fait part ce matin de "votre soirée" en "osant" me demander si je connaissais MELESSE :-)))) surpris j'ai cru ne pas comprendre la demande.....qui ne connait pas MELESSE ne cavale pas!
à ta prochaine visite à ce merveilleux restaurant de Clichy il me serait agréable de faire ta connaissance...
Serge modeste conseiller running de Thierry, pour la table c'est à lui qu'il faut demander conseil et à Sylvie pour sa gentillesse et son accueil

Anonyme a dit…

C'est génial cette anecdote.
Le monde est petit , si petit !!

Momo