mardi 20 avril 2010

cédric marathon de Reims et marathon de Paris

Cédric est un phénomène, il a couru son premier marathon à La Rochelle en 2008 en 2h46'31 tps réel 2h46'47 au scratch. En 2009 à La Rochelle il abandonne car parti comme un fou et fatigué de Reims. Il faut dire qu'en un an il a bien progressé puisqu'il a claqué un record personnel à Reims en 2h37'50 soit 9' de gagnées. Ce n'est pas fini car à Paris, il gagne encore de belles secondes et au bout des 42,195 kms il claque un très beau 2h35'32. C'est 3 secondes de gagnées au kilo, c'est énorme. Revenons à quelques semaines avant et je vous confie que le garçon était très très peu confiant. Il faut dire que sur les mêmes séances à allure spécifique il était 10 pulses au dessus de celles de la préparation du marathon de Reims. Sincèrement je pensais que la succession des compétitions intermédiaires étaient trop nombreuses et ne lui permettaient pas de s'entraîner sereinement et de trouver la "sérénité" que j'aime retrouver chez les marathoniens qui savourent une belle préparation. Personnellement j'aime quand au bout de la préparation spécifique, un athlète partage son sentiment de "travail bien fait, travail d'adaptation satisfaisant, abouti, complet, "idéal". Ce n'était pas le cas de Cédric et je me demandais même s'il n'allait pas encore prendre un gros coup de bambou sur la tête. Ma part du succès de l'athlète, je la situe un peu comme quand je dis au pif:" le résultat est dû pour 90% à la préparation physiologique, l'adaptation du corps, du coeur, des muscles et pour 10% à la préparation mentale" donc je considère que le gars a bossé dur pour se préparer et le jour du marathon s'il a un mental de m..... il fera un chrono 10% en dessous de son potentiel. A titre d'exemple, un gars estimé à 3h00 soit 180 minutes à la louche fera un chrono de 3h18. Dans le cas de cédric, j'ai fait ma part de travail de coach, j'ai vu comme lui les pulses trop hautes et je pensais que c'était mauvais signe. Cependant, à force de cotoyer des gars qui s'arrachent sur les cross où là il est interdit de se raconter des histoires ne serait-ce que quelques secondes sous peine de se faire enrhumer par ceux qui ont débranché le cerveau, et bien j'ai tout simplement dit à Cédric, que lui, je l'ai "programmé" pour 3'40 au kilo soit 220 secondes et 10% cela faisait tout simplement 22 secondes d'incertitude lié à son mental. Depuis que je l'entraîne je le vois comme un guerrier et comme karim qui ne lâche rien au cross, il est capable de ne rien lâcher sur marathon et la "baston", le combat c'est sur la fatigue et c'est là que le mental fait la différence. C'est toujours le même discours, avec le relâchement, le corps est reposé, il est frais et au début du marathon, c'est facile, donc il ne faut pas céder à l'euphorie de la facilité. Il faut se contenir, ne pas aller dans les pulses qui ont été constatées sur les séances spécifiques sur fond de fatigue. Il faut se freiner puis la compétition arrive assez vite et sur la fatigue environ aux 2 heures de course, il faut tenir, maintenir son rythme. Pour certains la dérive cardiaque est là et les pulses sont bien hautes. En résumé j'ai assuré cédric en lui disant qu'il était capable grace à ses capacités de tenir et de réaliser le chrono escompté. Pour ma part, je visais juste un poil en dessous de 2h35, je me suis gouré de 32 secondes donc un peu moins d'une seconde au kilo.
A la finale quand on superpose les courbes de Reims et de Paris, on constate que ce sont les mêmes pulses et 3 précieuses secondes au kilo. Les 2h30 sont envisageables, cédric et moi nous y croyons. Par contre nous savons qu'il va falloir travailler pas mal de secteurs. Après la récupération nous allons attaquer des préparations spécifiques 10km, nous allons bien sûr travailler la VMA, la courte, la moyenne et la longue. Nous allons faire du rappel d'endurance. Question musculation, Cédric n'a pas l'air d'en avoir beaucoup besoin. Paris est bien sympathique pour l'entraîneur car les vidéos permettent de voir la gestuelle sur la fatigue et cédric ne termine pas ratatiné et de toutes façons vue l'allure maintenue et vu le nombre d gars qu'il a doublé, je peux affirmer qu'il termine bien. Sur un marathon plus plat sur la fin, on pourra avoir des informations instructives car sur Paris, la fin est quand même moins roulante, il y a des faux plats là où ça fait mal, c'est à dire à partir du 35ème kilo.
Pour terminer, je suis très content de m'être un peu planté, j'avais des doutes sur le marathon de Cédric, en tant que coach, je crois avoir eu les mots justes pour lui gonfler le moral et c'est lui qui a été un superbe "artiste" il a joué juste. De temps en temps ça fait plaisir de croire qu'on a écrit une belle partition et constater que l'interprête a joué un beau morceau. Cédric sera surpris d'apprendre que c'est un bon musicien, il avait le bon tempo il est parti prudent et au fur et à mesure que les autres craquaient, il a gagné des places, il a doublé, doublé tout en maintenant son allure. Quand on connaît la musique on peut jouer des morceaux plusieurs fois et toujours se perfectionner et être satisfait juste d'amélioration par petites touches, on passe de la technique à la musique, on apprend, on se perfectionne et à la fin on oublie tout car cela devient naturel. Non ce n'est pas de la philosophie, mais il y a des jours où un simple footing me donne le sentiment de courir juste et c'est du plaisir, par contre faire ressentir cela aux coureurs "débutants" ... c'est très difficile. Ce blog doit être lu avec des angles différents et j'espère que certains d'entre vous arrivent à me "lire".
Marathon de Reims, marathon de Paris, Cédric, un guerrier et un artiste. Bravo

3 commentaires:

Sadok a dit…

C’est super de voir combien de fois tu as écrit « nous » en parlant de la préparation Cédric selon ta partition.

C’est vrai que les 10% de mental peuvent faire toute la différence entre un marathon raté et un marathon réussi dans la bagarre contre la fatigue là où beaucoup d’entre-nous (et moi en premier) perdent de précieuses minutes.

Depuis le MSM 2009, il me semble que Cédric a acquis une solide réputation de guerrier et il devrait tout naturellement claquer de nouveaux chronos.

Merci pour la lecture qui est toujours enrichissante et qui montre à quel point on ne sait jamais comme disait Gabin.

michel a dit…

il y a pas a dire c'est vraiment un
phénomène,
bravo champion

Sadok a dit…

Les 2 courbes montrent que Cédric n'a pas lâché le morceau dans le final. Vraiment bravo Cédric et au coach.