dimanche 21 mars 2010

égocentrisme et altruisme

Quand bien même je suis lu, peut-être compris, peut-être même qu'on me gratifie de sage j'écoute, je lis les autres, surtout mes amis qui bien sûr me veulent du bien.
Cette semaine, un lecteur de mon blog me demandait pourquoi je ne parlais pas de moi. En effet, je ne parle pas de moi et je dis souvent que le blog de certains ne me plaisait pas car on n'y voit que leurs sorties, séances et compétitions.
De temps en temps c'est bien de voir l'évolution d'un athlète par le biais de ses écrits, cependant quand c'est tous les jours un compte-rendu du type, nb de kms, FC moyenne, vitesse ou allure, cela finit par lasser.
Quand je lis pour le plaisir, j'aime surtout voir des facettes variées de la nature humaine. La philosophie serait l'amour de la sagesse, je ne suis pas philosophe mais j'aime croire que je tends vers la sagesse.
Mais voilà, l'homme est complexe et je pense sincèrement qu'il doit rester en nous ,même si nous vieillissons, une part du rebelle que nous étions quand nous étions plus jeune.
Je n'aime pas les blogs enduits d'égocentrisme et mon blog semble perçu comme celui d'un altruiste car il transparaîtrait l'abnégation de l'entraîneur.
Que nenni !
La sagesse de certains c'est se cacher les choses qui rendent tristes, pourquoi ne pas décerveler les gens qui souffrent ils ne sentiraient plus rien.
Les rebelles sont difficiles voire impossible à dompter, cependant imaginez un monde sans rebelle, tout resterait sans évolution, on se suffirait avec l'existant, il n'y aurait pas d'innovation.
Ca y est, je sens que certains internautes ont décroché et il vont continuer à taper sur leur moteur de recherche favori "plan entraînement marathon".

Revenons sur ce qui m'a motivé à écrire ce papier.

Altruisme et égocentrisme.
Ecrire sur les autres écrire sur soi.
Dualité ou duplicité, hypocrisie.

Mea culpa, je ne suis pas altruiste, je pense à moi, j'agis pour moi, je ne cherche que mon plaisir.

Beaucoup de mes amis avec qui je cours, sont comme moi. Par ces temps où l'économie nous fait vivre des moments difficiles, nous nous ressourçons grâce à notre loisir la course à pied.
Cependant, je vois de plus en plus de coureurs qui vivent mal leur pratique car ils sont moins bien et tout simplement les sensations en course ne sont pas bonnes.
Il me plait plus de parler de mes gars qui performent que de ceux qui sont mal et j'en fais partie.
Notre travail nous fait du mal, c'est travailler plus pas pour gagner plus mais pour tout au plus rester à sa place.

Hypocrite, je suis, fourbe je suis, non ce n'est pas maître Yoda qui parle c'est moi charlie.

Quand un jeune marathonnien me demande combien je vaux au marathon, je préfère parler des chronos de mes gars.
Quand on me demande des informations personnelles sur mon entraînement je botte en touche en parlant encore une fois des autres.
Pour la diététique, je suis zéro, je suis à +6kgs de mon poids de forme.
Alors qu'il faut tenir compte de l'environnement de chaque athlète, c'est à dire son travail, son état de stress, ses contraintes familiales, ses horaires, moi-même je m'impose du grand n'importe quoi. Je n'ai pas de plan structuré, je vais au stade, je regarde ce que font les copains, si ça me plait, j'en fait un bout sinon je m'invente un truc rigolo, une variante pour tester.
Il faut récupérer et ne pas cumuler de la fatigue sportive sur de la fatigue professionnelle. Ca c'est ce dont je suis sûr et je le répète, le donne en conseil.
Je suis à l'écoute des gars qui sont complétement usés par leur boulot que ce soit physique par exemple travailler dans des frigos ou bien travailler assis et subir un stress du management.

Et moi pendant ce temps là, je m'en prends plein la poire, je suis bien stressé, mon toubib que j'ai consulté cette semaine veut me revoir dans un mois car ma TA est au dessus de "ma normale".

Alors voilà pourquoi je ne parle que très peu souvent de moi , je ne suis pas bon en course à pied et je ne me soigne pas comme il faut et pour couronner le tout, hier samedi 20 mars, j'ai enfin couru pour moi. Oui, j'étais motivé, j'ai promis à ma femme que j'allais tout donner, que je n'allais pas faire semblant et cela me ferait du bien au moral.

Ce fût une journée en demi-teinte.

Premier élément positif, nous avons co-voituré et cela j'y tiens car je suis pour l'économie de gasoil, pas seulement pour le côté portefeuille mais aussi pour moins de CO2 émis.
Deuxième élément et le plus important, nous avons le loisir de papoter et c'est sans conteste, ce que j'aime avant tout, je ne suis pas fort du côté des jambes mais côté langue, je ne suis pas feignasse du tout.
Daniel conduisait, lolo commentait le canard enchaîné, franck écoutait et moi je la ramenais un peu sur les élections. De temps en temps il y avait des allusions aux entraînements. Les V2 culpabilisaient car ils ne font presque plus de VMA. Moi je disais qu'il faut calmer le jeu quand on vieillit. Lolo disait que je lui avais pété des séances de 200m quand je l'entraînais. Je rétorquais qu'à l'époque il préparait et courait encore des marathons, aujourd'hui il fait surtout de l'ultra. Là dessus, je suis pour le 30-30 en nature car il n'y a plus la contrainte de la vitesse calibrée. Attention ce n'est pas valable pour tout le monde. Mes athlètes "jeunes" doivent se taper des séances bien précises mais certains jeunes font encore des chronos de qualification au France alors ça ne rigole pas beaucoup (3'24 au kilo) .

Je connais un philosophe à qui je ne demanderais pas de suivre un plan calibré avec des chronos au dixième de seconde, j'aime qu'il reste comme il est, il a une plume acerbe il se reconnaîtra, il a un caractère exceptionnel, c'est un rebelle.

Daniel nous a amenés à bon port, nous sommes arrivés suffisamment en avance aux dossards pour ne pas stresser.
Nous avons regardé la liste des inscrits au 43km, à peine plus d'une page A3, soit un peu plus d'une centaine, ce week-end il y a l'éco-trail complet, le ventoux complet et à Bains il y a possibilité de s'inscrire le jour même cela devient rare de nos jours de participer à un trail sans s'inscrire à l'avance (Erquy 1er mai complet, Guerlédan 23 mai complet).

98ème, vue ma place à l'arrivée, vu que j'ai quand même doublé du monde, il y a dû y avoir quelques abandons.

Autre élément positif, j'ai couru la deuxième partie du trail avec mon ami lolo, nous n'étions pas bien vaillants mais nous sommes allés au bout. C'était dur dur. Nous avons parlé de nos mollets bien chargés, moi de fringale, pourtant j'avais emporté puis mangé 6 barres de pâte d'amande, de pâte de fruit, de céréale, j'ai bu correctement et re-rempli ma poche à eau aux trois ravitos des trois chapelles.

Nous sommes en mars et je n'ai pas abandonné une seule fois alors que je ne suis pas bien du tout en compétition. Tant que je ne me blesse pas ce n'est pas stupide de persister.
Il est toujours difficile de savoir si c'est le corps qui est fatigué et qui dit vouloir s'arrêter, dans ce cas la tête si elle est forte dit continue tu peux endurer ou bien il y a des fois ce n'est plus de la fatigue et ce n'est pas pour éprouver l'endurance physique et mentale c'est bien un problème qui est signalé par le corps et le message fort, c'est la blessure.
Un regard extérieur objectif peut aider, une appréciation subjective d'une tête de mûle amène à la blessure.

Pour terminer, je vais me prendre deux semaines allégées pour récupérer et dans deux semaines je vais faire le 15km du trail du bord de mer avec mes amis bruno, thierry, jeanlou, patrice, joelle et la petite maryline dans la joelette. Ce sera encore un grand moment de plaisir partagé. Nous allons co-voiturer de Rennes à Arzon. Nous allons nous soutenir pendant la course et ils me raconteront comment ils auront vécu leur première à "courir avec".

Vous voyez que c'est quand même bien de ne pas s'arrêter sur les petits coup de blues du trailer qui avance d'un pas dérisoire et finit avec une moyenne de 8,25km/h (la courbe est une honte, c'est ce que j'appelle une cours à l'envers, FC 160 au début et FC 140 à la fin ) et avant dernier au scratch (98ème/99 arrivants) mais il faut toujours mettre en avant le plaisir, le plaisir de la satisfaction du travail d'équipe entraîneur-athlète, le plaisir de ne pas abandonner, sans être blessé, le plaisir de papoter, le plaisir de se projeter vers un futur objectif qui nous motivera en étant patient, en endurant l'entraînement pour, le plaisir d'être dans un super club, le plaisir de partager avec des amis, le plaisir d'être de Dunes d'espoir, le plaisir de "courir avec" .
A l'arrivée de mon trail, j'ai eu droit au micro, j'ai dit que j'étais fatigué et hypocritement peut-être "rien que du bonheur".

Globalement, la course à pied, le sport, les copains :

C'est du plaisir pour Moi, "je suis le centre du monde", accessoirement , cela profite aux autres ... ou bien vice-versa.

5 commentaires:

Sadok a dit…

Le plaisir, le plaisir, le plaisir… Tu aurais pu opposer altruisme et hédonisme qui ne sont pas exclusifs l’un de l’autre mais tout à fait complémentaires. Tu sais donner tout en te faisant plaisir et c’est ça qui te permet de tenir la route dans la durée. Passion aussi quand tu nous tiens !

Anonyme a dit…

ba moi aussi je suis toujours dans le fin fond des classements, mais finalement, après les courses je me sens heureux et je me dis que c'est quand meme le plaisir qui prime, et parfois quand je suis fatigué le soir et qu'il faut que j'aille entrainer, quand je ressort de la salle et que je vois les visages heureux et détendus des élèves, et bien c'est encore le plaisir qui ressort. bref c'est bien aussi quand le seul moteur reste le plaisir...
a bientot, christophe

Sadok a dit…

Prendre du plaisir en donnant du plaisir. Respect !

PasPressés007 a dit…

Charlie, une fois de plus cela fait du bien de lire ton post, cela met des mots sur des moments que j'ai souvent la désagréable impression de vivre, et sur d'autres que j'ai eu l'immense bonheur de partager, avec Toi, Lolo et Daniel notamment ...
Un grand regret d'avoir raté samedi la joie de compléter le "podium" avec Lolo et toi ;-) Le plaisir et le bonheur ne valent que s'ils sont partagés ... Michel

joelle a dit…

En lisant ton post, je m'aperçois que nous avons de nombreux points communs : aucune diététique de sportif et une fatigue qui persiste ce premier trimestre.. Mais aussi, cette envie encore et toujours de courir et de partager avec d'autres de belles aventures... et même si nous ne sommes pas des "champions du chrono" et bien nous continuons à nous faire plaisir... et je crois que c'est là le plus important. Continuer à éprouver un plaisir simple et vrai en courant et en partageant ces moments avec d'autres passionnés comme nous..
Par contre, toi, tu donnes en plus du temps et de l'énergie en préparant d'autres coureurs qui souhaitent réaliser de bons chronos sur des objectifs qu'ils se sont fixés... et donner de son temps aux autres, ce n'est pas donné à tout le monde !