samedi 25 octobre 2008

benoit au Marathon d' Amsterdam



Il y a deux ans, Benoit et Karim couraient à Amsterdam, ils ne se connaissaient pas. Depuis ils sont dans la même équipe, l'hiver ils font les cross et ont plaisir à être dans la même compétition avec le même maillot de la JA Melesse.




Cette année, Karim a choisi le marathon de Berlin et Benoît est retourné dans le pays des moulins à vent et des tulipes. Certes le parcours est plat car seuls les ponts peuvent apporter des mini-grimpettes mais c'est surtout le vent qui peut devenir contre-performant. En plus de cela, le marathon reste une sacrée compétition où chaque détail peut mettre à plat des mois d'entrainements.




Benoît m'a envoyé cette semaine ce texte que j'apprécie et comme en le lisant je vois très bien comment il a vécu son marathon, je vous le retransmet ci-dessous.




Benoît a écrit:



"Le 20 avril dernier, je terminais le marathon de Nantes déçu de ne pas avoir éprouvé de sensations. Je battais mon record d’une trentaine de secondes, mais l’objectif n’était pas vraiment atteint, je voulais descendre nettement sous les 2h50’, et cette maudite crève attrapée une semaine avant m’a empêché de prendre du plaisir sur cette course, je n’ai pas pu espérer ne serait-ce qu’un kilomètre, le feeling n’était pas là. 6 mois plus tard, je remets ça à Amsterdam. Cette fois-ci, j’ai bien pris garde de ne pas attraper froid à quelques jours de l’échéance, toutes les séances sont passées, la période de relâchement a été ultra bénéfique, la dernière séance d’allure spé marathon le montre : les pulsations sont basses, je suis en forme. C’est la première fois que j’ai l’impression de vraiment tout maîtriser.
Je prends donc le départ avec une grosse confiance, et surtout la ferme intention de ne pas me brûler dès le départ. Je pars donc volontairement en-dedans, sans chercher à slalomer, j’attends juste que la route se dégage. C’est ainsi que je passe le premier kilo en 4’03’’, facile, les pulses sont très au niveau attendu, malgré l’excitation liée à la course. Je suis bien dans mes baskets… Déjà, je suis content d’être là, je prends un gros plaisir à courir, je suis facile, c’est cela que je cherche dans le marathon, c’est génial. Allez, cette fois-ci, c’est parti, c’est mon jour ! Les kilos sont un peu bizarres au début : j’enfile le 4ème et 5ème en 8’24’’ au total (que se passe-t-il ? je suis si lent ?) puis le 6ème et 7ème en 6’51’’ (ahhhhh ! c’était juste la faute des panneaux !). Je suis un poil rapide, les kilos s’enchaînent légèrement sous les 3’50’’, il va falloir que je corrige cela. Je suis au 10ème km en 38’42’’, une vingtaine de secondes d’avance. Les pulses sont OK, entre 167 et 169 selon les km, ça va. C’est peut-être un peu tôt pour être déjà si haut, mais je pense que c’est bon. Je me cale enfin à la bonne allure. Passage du 15ème en 58’09’’ : toujours ces 20’’ d’avance, je suis dans le tempo. Puis on arrive le long de l’Amstel. Et il y a du vent. Il est de face ce coquin. Méfiance… Je me cale dans un groupe, et je trouve un compagnon avec qui nous allons nous relayer pendant quelques kilomètres, prenant le vent chacun notre tour. Les pulses restent maîtrisées, toujours sous 170. On arrive au demi-tour, chouette, maintenant, c’est vent dans le dos. Donc, des kilos a priori rapides, sans tirer sur la machine. Bon, là, malgré mes efforts pour rester sage, je franchis définitivement les 170 pulses. Mais le semi est passé (1h22’10’’, toujours 20’’ d’avance). Et je déroule : 24ème km en 3’45’. Mais, que se passe-t-il ? Nous revenons toujours vers Amsterdam, et le vent se manifeste de nouveau : il a tourné… Je ne l’aurai pas eu longtemps avec moi. Du coup, les pulses continuent de monter, et là ça devient un peu inquiétant : je suis à 174 au 30ème km (1h56’45’’, 15 secondes d’avance). Bon, on va bien voir, les jambes continuent de tourner. J’avance toujours comme un métronome, l’allure est bonne : 31ème en 3’56’’, 32ème en 3’55’’. Il reste 10 km. Mais je sens que ça devient compliqué. Le petit groupe devant moi s’éloigne lentement. Et là, je suis toujours à 15 km/h, mais je sais déjà que mon sort est scellé. Je sens que les réserves sont presque vides, et que je n’en ai plus pour longtemps. J’essaie quand même… Mais cela devient soudain très difficile. Le 33ème passe en 4’03’’… Le 34ème en 4’11’’, le 35ème en 4’24’’, le 36ème en 4’23’’… C’est terminé. J’ai encore une grosse avance sur le plan B (2h48’) et même sur le plan C (2h50’), mais je sais bien que c’est mort. Mon réservoir est à sec. Le moteur commence à tousser… Et là, je passe sous un pont juste avant le 37ème km, en remontant, pour la première fois je marche. Je me dis que, quitte à marcher, autant le faire dans une montée, je perdrais moins de temps qu’ailleurs… 37ème km en 5’02’’. Le chant du cygne : je parviens à trouver la force de courir un peu pour faire le 38ème km en 4’26’’, je me demande encore comment j’ai fait. Le 39ème est encore " honnête " : 4’53’’, mais à quel prix ? J’ai beau essayer, je n’ai plus rien dans les jambes. Impossible de courir. Et je commence à avoir faim. Très faim… Je me dis que le ravitaillement du 40ème est bien loin… Il est bien trop loin ! Je marche, je marche, je n’arrive même pas à marcher vite. J’essaie de courir, un coureur mal en point comme moi m’encourage, et nous courrons côte à côte au moins… 150 mètres. Et je remarche. Je suis sans force. Je réclame du sucre : une petite fille en sort de sa poche 2 morceaux enveloppés dans du papier, et elle me pousse à courir de nouveau : désolé petite supportrice sympathique, j’aurais bien voulu, mais je ne pouvais pas. Un immense merci quand même, sans toi, je ne pense pas que j’aurais pu terminer. Je commençais à ce moment à avoir la tête qui tournait, ça va un peu mieux ensuite. Mais je ne peux plus courir. 40ème km : 7’16’’. Je suis à ce moment en 2h43’. Même les 3 heures paraissent inatteignables. Je me restaure au ravitaillement, j’ai bien dû boire 5 verres de boisson énergétique, 2 bananes, 3 verres d’eau. Et je repars, mais toujours en marchant. J’essaie de me relancer : crampe au mollet droit. Il ne manquait plus que ça ! OK. J’ai compris. Je marche. 41ème km : 10’22’’. Le pire, c’est que je suis hyper lucide. Et je ne souffre pas (sauf des crampes, mais quand je marche, elles me laissent tranquille), je n’ai juste pas de carburant. Et je repense à la veille de la course, à notre recherche désespérée d’un resto qui servirait des pâtes : ils étaient tous pris d’assaut. On s’est contenté d’un bon repas, mais pas adapté aux besoins de marathoniens. Et je me rappelle de ce petit déjeuner de ce matin, finalement bien léger quand on y pense. Mais bon sang ! Ça t’est déjà arrivé ces trucs : tu ne bouffes pas assez avant la course. Je croyais que tu étais vacciné ! Eh bien non. C’est mon 5ème marathon, et je ne sais toujours pas aborder cette épreuve. C’est en faisant des erreurs qu’on apprend paraît-il. Eh bien moi, j’apprends lentement…
Bon, maintenant, il s’agit de terminer la plaisanterie. Je marche encore et encore, je vois le stade. Je rassemble mes dernières forces, et à 100 mètres de l’entrée du stade, je cours. J’arrive à l’entrée du tunnel, et là, cerise sur le gâteau : crampes simultanées aux deux quadriceps. Je suis cloué au sol, je ne peux pas avancer. Je hurle de douleur. Un bénévole me dit : " only 300 meters left ! go on ! " et moi je ne peux que lui répondre : " but I cannot make a single step !!! ". Un type demande à passer de l’autre côté du grillage, il est kiné. Il passe, je ne sais pas ce qu’il me fait, il ne tire pas sur mes jambes, j’ai juste l’impression qu’il passe ses paumes sur mes quadris douloureux, la douleur passe. Cela fait juste 3 minutes que je suis là comme un con à l’entrée du stade… Au total, je vais y passer 5 bonnes minutes. Je repars clopin-clopant, j’entre dans ce stade, et à 50 mètres de la ligne d’arrivée, je décide de finir quand même en courant. Résultat : les 1295 derniers mètres en plus de 15 minutes, un temps final de 3h08’41’’. Bien loin de mes espérances. Mais ça fait longtemps que je me suis fait une raison, d’ailleurs, je souris au photographe…
Je ne suis même pas déçu, juste une immense frustration, car je sais que j’étais fort. Ce qui est arrivé est ma faute, que cela me serve de leçon. Peut-être qu’un jour je saurai courir un marathon, ce n’est pas encore le cas. Merci Charlie pour cette prépa qui s’est avérée parfaite, désolé d’avoir déconné…




Mais qu’on se le dise :




I’ll be back."




Benoît, cette préparation n'était pas parfaite, la prochaine fois, le plan B pour la nourriture c'est d'apporter avec toi des "nouilles liquides" c'est à dire une boîte de malto-dextrines à mettre dans des bouteilles d'eau.




En plus de ça il faut maintenir ta glycémie en reprenant suffisament et régulièrement du glucose, soit en ravitaillement personnalisé avec bouteille contenant par exemple du miel (fructose) soit en gel qui combine plusieurs types de glucose (fructose, dextrose ou autre) . Si par malheur tu prends les gobelets, ce sera la loterie car les organisateurs même s'ils sont très précautionneux, font les mélanges dans d'énormes bassines, plongent les gobelets dedans et mettent sur les tables. La variation de concentration est telle que pour certains c'est de l'eau qu'ils prennent, ce n'est pas trop grave mais ils n'ont pas beaucoup de glocuse et pour d'autres c'est le contraire, la concentration est très au dessus des 5% (isotonique) et là ça provoque souvent des crampes d'estomac et d'autres désagréments liés au fait que l'eau du corps est "aspirée" vers la concentraion trop élevée, d'où les phénomènes de deshydratation.






L'avant veille et la veille, Si tu as des vrais bons repas avec pâtes ou riz comme il faut, tu gardes la boîte de malto-dextrines pour une prochaine fois par exemple pour remplir ton camel bag sur un trail mais si le vendredi matin tu vois que ça se complique, commence à boire les nouilles liquides dès l'après-midi, de toutes façons tu seras au moins bien hydraté et tu iras tous les 1/4 d'heure aux pissotoires.
courbe de benoît

courbes superposées de karim et benoît
à l'entrainement la FC marathon de Karim était stabilisée en dessous de 172 pour la première heure à3'45
pour benoît c'était 170 pour 3'54






1 commentaire:

Anonyme a dit…

La glorieuse incertitude du marathon!
Tellement en confiance (trop malgré soit peut-être?)du fait d'une bonne prépa,on pense tout maîtriser et puis...
J'avais assisté en live à l'arrivée de Benoît sur Auray-Vannes et j'avais été impressionné par son aisance avec un superbe chrono à L'arrivée.
Vraiment dommage pour toi mais je suis persuadé que cela te servira de leçon pour revenir encore plus fort.
Merci en tout cas d'avoir écrit ce récit(je trouve géniale l'image de l'enfant qui te donne SES sucres )
et à Charlie de l'avoir mis en ligne.
A bientôt.
ceef