Pascal est aux anges quand il passe la ligne à Berlin avec son nouveau record personnel. Il se demandait en 2015 si ce ne serait pas son dernier marathon car les préparations sont dures et l'âge lui rappelant qu'il est vétéran, il se disait que cela ne serait plus possible de battre son record au marathon qu'il avait réalisé à Paris en 2014 (2h32'59"). Déjà à l'époque ça avait été un chrono qu'il n'espérait même pas quelques années auparavant.
Retour sur le passé, il avait fait entre guillemets une contre-performance au marathon de Paris en 2011 avec un 2h45 décevant pour lui. Il avait commencé à utiliser le test de paliers de FC après une rencontre avec le créateur du test Christian Delerue lors d'un stage d'entraineurs à Andrezieux. Pascal m'avait contacté et malgré le fait qu'il soit lui-même entraîneur deuxième degré Hors Stade, nous avions convenu de tester une relation Entraineur-Athlète-entraîneur. Maintenant, après 3 années à s'envoyer par courriel les plans et les courbes de FC des entraînements et des compétitions, après quelques rencontres sur le terrain, quelquefois en Bretagne, quelquefois sur les championnats FFA, nous pouvons constater une bien belle progression. Pascal est encore dans l'euphorie d'une course magnifique, tant par sa préparation que par sa réalisation dans des conditions idéales. Il a profité d'un parcours exceptionnel, de conditions météo idéales, de groupes de niveaux tels qu'ils l'ont aidé et motivé pour ne jamais lâcher et au contraire sur la fin il a tout donné et a réalisé un negative split : 1h13'24" puis 1h13'03". En fait c'est le schéma classique des records, départ rapide car on est frais, descente au train car il ne faut pas déconner et se mettre dans l'allure travaillée à l'entraînement, sur la fin tout donner pour gratter quelques secondes.
La préparation vient quand même de loin, car cette année comme toutes les trois autres précédentes, Pascal a fait les cross et est allé jusqu'au championnat de France aux Mureaux où il a couru bien entendu en Vétéran. Pour le mental, c'est toujours excellent de tout donner dans la boue, le froid et dans la baston. Pascal pensait qu'années après années il glisserait dans le classement car les jeunes de 39-40 ans arrivaient et quelques uns se glissaient devant lui. Il avait constaté qu'il perdait 20 places au France par an. Cette année, avec un terrain plus favorable aux crossmen travaillant les bosses, les virages dans la boue, il a fait sa meilleure place en terminant 32ème. Sur son travail dans les côtes il a même gagné un titre départemental sur un semi marathon où il y a Trois fois une boucle avec une belle bosse, qu'il a travaillée à l'entrainement (c'était une sacrée chance d'habiter pas loin de cette bosse).
Pour aller vers l'entraînement spécifique Marathon, comme Berlin est fin septembre, il a profité des vacances d'été pour une préparation avec plus de bi-quotidien que les fois d'avant.
En effet, on peut dire que son planning était bien rempli, si vous courrez tous les jours cela fait 7 sorties par semaine, si en plus vous doublez 3 fois cela en fait 10. Cependant, les jours, en vacances où vous doublez, c'est assez facile car ce n'est qu'un simple petit footing matinal donc à la fraîche de 45 minutes et l'après midi c'est soit une sortie moyenne ou un peu de travail d'allures variées et plus tard ce sera des séances d'allure spécifique marathon avec des volumes importants.
La courbe de FC ci dessus est la dernière séance de spécifique où vous pouvez repérer la légère dérive cardiaque.
Ci-après vous avez la courbe de la plus longue des sorties, elle fait 2h20 mais le plus important est la partie sur la fin où il y a rappel d'allure marathon. En fait sur plusieurs athlètes entraînés, j'ai constaté que faire un réveil musculaire le matin avec un petit footing de 45 suffisait à avoir des séances de spécifique marathon avec des FC plus basses. Ce qui aussi se passe sur la dernière sortie longue où au début le coureur est très bas en pulsations et ne monte pas à la FC du spécifique (4 à 5 pulses de moins).
Pour terminer, lors de notre dernière discussion sur le plan de course, il a été surtout question de réaliser une très belle course et de surtout ne pas se raconter d'histoires car à chaque fois, on sait que tout doit être fluide et serein tout le début du marathon et sur la fin, le corps est fatigué et il nous envoie des signaux pour mettre le clignotant. Interdiction de se servir de la montée inévitable de la FC pour ralentir et se donner des prétextes pour laisser partir les autres coureurs. Pascal savait qu'il devait serrer les dents et tenir jusqu'au bout l'allure. Il a fait mieux, il a pris ses responsabilités, il est passé de groupe en groupe, a fait sa part de travail en prenant des relais, quand ses compagnons de route circonstanciels ont un à un craqué, il est parti et a un poil accéléré. Il a réalisé son meilleur chrono.
Encore une fois, félicitations. Médaille amplement méritée.